Chère Maîtresse,
Je crains que votre leçon d’hier n’ait été l’objet d’une déception intense…
Dès le matin, mon fils se réjouissait : « Aujourd’hui, on va étudier les faux amis ! » Ma foi, il en faut peu pour être heureux « Les faux amis ? Entre le français et l’allemand ? » Il me regarde d’un air condescendant : « Mais qu’est-ce que tu racontes ! Les faux amis, quoi ! « Et d’ajouter d’un air entendu : « Enfin, je vais savoir…» 16h : je récupère devant l’école un bonhomme déconfit. « Et ta journée, c’était comment ? » « Nul ! On devait faire les faux amis, et on n’a fait que du vocabulaire ! » Et de soupirer : « Moi qui pensais enfin savoir si Nico était un copain… »
Je ris sous cape. Moi, chère maîtresse, je vous remercie, oui du fond du cœur, merci de m’éviter de nouvelles entorses à la politesse toujours plus difficiles à rattraper. Car si le « s’il vous plaît » allemand fait rire dans les chaumières depuis de longues années, d’autres jolis mots savent se montrer plus sioux. Combien de fois mes enfants ont-ils parlé au parc d’une « grosse » fille au lieu d’une « grande » fille ? Et moi de me faire incendier par la maman outrée… Je ne vous parlerai pas de ce burger à la « pute » demandé à un serveur horrifié alors que mon cher enfant voulait simplement un sandwich au poulet… Ah chère maîtresse, je ris de sa déconvenue, mais cette leçon était brillante, et pourquoi pas un peu « salopp », car en allemand cela veut dire « décontracté ». Mon fils en retiendra exactement ce qu’il faudra : les faux amis, on s’en méfie !