365 dodos

Mon enfant, Le grand jour est enfin arrivé. Oh, comme tu as trépigné… Après ces 365 dodos que nous avons égrenés, ça y est, tu as 6 ans. A te voir rayonnant depuis le réveil, mon cœur se gonfle d’une joie légèrement nostalgique. Toi, mon tout petit, tu ne peux pas être si grand ! Moi qui suis dernière de ma fratrie et de tous mes cousins ou presque, j'ai pourtant détesté l’idée qu’on ne cesse de me considérer comme un bébé : « Mais non, Aurélie ne peut pas avoir 10 ans, mais non, pas 20 ans, pas possible ; comment,  tu te maries ? » Peter Pan par-ci, Peter Pan par-là, vous ne vouliez pas vieillir mais moi je ne rêvais que de grandir !  Ah, toi aussi, me dis-tu ? Je glousse. A 6 ans, tu te crois si grand. Alors je ne devrais pas te le dire, je sais que c’est tellement énervant, mais même si tu pousses un peu trop vite, à 6 ans, 20 ans, 40 ans, et même 80, tu seras encore et toujours « mon tout petit ». En attendant, il est 8h35 et cela fait très exactement 6 ans que tu…

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Subjonctif présent

Chère Maîtresse, pour mon 3e CM1, on peut dire que vous m’avez fait bosser ! Ensemble, nous avons revu tout le Bescherelle: le présent et le futur, l'imparfait et le composé. J’ai ancré ce que je savais déjà pendant que mon fils oubliait ce qu’il avait appris, c’était magique. Mais à force de nous évertuer à conjuguer le temps, nous avons oublié de le voir filer. J'ai rencontré hier une jeune femme que je n'avais pas vue depuis ma foi longtemps. Il y a quelques années, on se croisait tous les soirs dans le hall de la crèche. Je demande: - Et comment va ta fille? - Elle a 14 ans... [soupir]... Elle a eu ses règles, tu te rends compte? Mon silence est aussi glaçant que Munich en hiver, je manque d'en renverser mon verre sur elle. Elle me jette un regard compatissant et balbutie un "je sais" comme pour s’excuser. Chère maîtresse, le temps est décidément bien imparfait. A force de nous tirer vers le futur, il ne nous laisse pas décliner le présent, qui a pourtant vite fait de se carapater. 14  ans, mazette, ça ne nous rajeunit pas... Alors chère maîtresse, plutôt que de nous concentrer…

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Le poids des mots

Chère Maîtresse, Je vous prie d’ores et déjà d’excuser la note épouvantable de mon fils en dictée cet après-midi (oui oui, celle qu’il n’a pas encore faite). Je vous jure qu’il a révisé d’arrache-pied, mais il est épuisé et j’en prends l’entière responsabilité. Il faut dire que le pauvre enfant a eu un week-end chargé. On organisait sa fête d’anniversaire. Seulement voilà : il est loin, l’âge de la pêche à la ligne, maintenant on veut la soirée cinépyjama avec tous les copains. Comment, dites-vous ? Je les ai couchés trop tard ? Mais que nenni, à dix heures, ils étaient au lit ! Seulement… il y a eu la bataille de coussins (je trouvais ça étrange, tout ce bruit au-dessus de ma tête, mais bon, je n’ai rien dit…). Et puis il y a eu le concours de blagues (j’étais derrière la porte, non pas pour écouter mais pour surveiller. Ah, ils se sont bien marrés, croyez-moi, et moi aussi d’ailleurs !) L’heure tournait, mais bon… je n’ai toujours rien dit. Pourquoi, dites-vous ? Mais parce que c’est ça la vie, les amis, les sourires. Ah, chère maîtresse, je suis navrée, tout est parti à vau-l’eau et ils se…

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Un petit arbre qui n’a l’air de rien

C’est un petit arbre qui n’a l’air de rien, tout seul au milieu du jardin. C’est un arbre qui me tend la main, m’appelle de ses feuilles, s’il te plaît, viens vers là, j’ai un secret à te conter. C’est un arbre qui a dix ans. Il a été planté il y a déjà longtemps, le jour où… le jour où... le jour où on lui a demandé de vivre pour ceux qui ne le feraient pas. Une vie d’arbre contre deux souffles trop fragiles, une vie de feuilles pour les raconter au vent, encore et encore, une vie de racines parce que les absents font partie de nos vies, même si on ne les voit plus, ils sont là, invisibles et pourtant ils tiennent tout. J’ai caressé son tronc, j’ai parlé à ses feuilles, j’ai fermé les yeux pour l’écouter chanter et je l’ai trouvé beau. Cet arbre est la vie qui vainc une nuit bien noire. Cet arbre est majestueux car il parle d’espoir. Le 15 octobre est la journée du deuil périnatal, un deuil mal connu et toujours très tabou. Cet arbre n’est pas mon arbre mais je l'ai rencontré. Et je lui souhaite la plus jolie…

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Attention à la rédaction

Chère Maîtresse, Mon fils se moquant allègrement de moi quand je larmoie sur mes écrits, je l’ai mis au défi, un peu sottement dois-je dire, de vous faire pleurer avec sa prochaine rédaction… Bref, je me dois de vous prévenir, parce que c’est demain, et, comment vous dire… Je l’ai vu faire son sac… Vous savez qu’il lit beaucoup. Oui, oui, beaucoup, surtout Mortelle Adèle. Ne tergiversons pas, il prévoit de cacher une tapette à souris entre les feuilles de sa copie. Bref, ne lui en voulez pas, tout est de ma faute, et de tapette, nul besoin : son orthographe fleurie et fantaisiste saura, par sa candeur, vous faire rire aux larmes. Bien à vous, Une maman dévouée

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Lettre à mon fils

Mon enfant, Voilà onze ans que je suis née. Tu m’observais sans mot dire avec tes grands yeux sombres. Et moi, avec trois kilos deux dans les bras et dix kilos de trop dans le ventre, je savais que plus rien ne serait comme avant. Avant je n'étais qu'une femme frivole, avec ses talons trop hauts et ses robes trop plissées. Puis les robes se sont tachées, les talons se sont abaissés, les ongles se sont rongés, le mascara a coulé, eh oui, tu m'en as fait baver, mais tout ça, on s'en fout pas vrai? Pour moi, tu as ouvert ton plus joli dictionnaire et tu as éclairé des mots d'un sens nouveau. "Angoisse", comme quand tu convulsais et qu'avec ton papa, on restait pétrifiés; "responsabilité" de tenir soudain ta petite vie entre nos mains ; "passion", celle avec un grand P, qui peut te faire vibrer et souffrir à en crever ; « fierté » pour tout ce que tu fais, même un gribouillis sur une feuille de papier ; « amour », évidemment, mais maintenant au pluriel, pour toi, pour tes frères, ton père, mes parents… Mon fils, il y a onze ans que tu m'as donné…

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Le plus beau des compliments

C'était il y a un an. Ce jour-là, j'accompagnais mon fils chez le dentiste et dans la salle d'attente, nous regardions les poissons tourner en rond dans leur bocal. Il n'y avait pas de quoi se marrer, on venait faire soigner une carie... Je regardais ma montre, vite, vite, y a les petits à aller chercher... Mon téléphone a vibré: "Aurélie, tu passes à la télé!" Avec mon fils, on s'est mis à rire et à sauter de joie, sous les yeux ébahis des poissons qui n'y comprenaient plus rien. Alors comme ça, on rit chez le dentiste? L'assistante nous jetait un regard torve ("ils sont fous ces français), mais mon rêve devenait réalité. Et puis mon fils m'a fait le plus beau des compliments. Celui dont rêve toute maman, une fois dans sa vie, une toute petite fois, celui qu'on garde emballé au plus profond de son cœur, on n'ose pas l'ouvrir ni le regarder tellement il est beau, mais rien que de le savoir là, ca nous fait chaud partout : "Maman, je suis fier de toi!" Voilà... Depuis j'apprends cet interview en boucle comme un poème au primaire, parce que si cela ne doit arriver qu'une fois,…

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Les faux amis

Chère Maîtresse, Je crains que votre leçon d’hier n’ait été l’objet d’une déception intense… Dès le matin, mon fils se réjouissait : « Aujourd’hui, on va étudier les faux amis ! » Ma foi, il en faut peu pour être heureux « Les faux amis ? Entre le français et l’allemand ? » Il me regarde d’un air condescendant : « Mais qu’est-ce que tu racontes ! Les faux amis, quoi ! « Et d’ajouter d’un air entendu : « Enfin, je vais savoir…» 16h : je récupère devant l’école un bonhomme déconfit. « Et ta journée, c’était comment ? » « Nul ! On devait faire les faux amis, et on n’a fait que du vocabulaire ! » Et de soupirer : « Moi qui pensais enfin savoir si Nico était un copain… » Je ris sous cape. Moi, chère maîtresse, je vous remercie, oui du fond du cœur, merci de m’éviter de nouvelles entorses à la politesse toujours plus difficiles à rattraper. Car si le « s’il vous plaît » allemand fait rire dans les chaumières depuis de longues années, d’autres jolis mots savent se montrer plus sioux. Combien de fois mes enfants ont-ils parlé au parc d'une…

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Main dans la main

Chère maîtresse, c'était il y a 9 ans. Il faisait beau cette nuit-là, et à 2h33, il a pointé son nez. Vous ne le connaissez pas, mais vous allez le supporter toute l'année, c'est-à-dire l'aider, le soutenir, l'accompagner... Il en a eu de la chance, il n'a croisé sur sa route que des maîtresses exceptionnelles. Mais ne vous méprenez pas, je ne vous mets pas la pression, je sais que vous le ferez. Il n'est pas parfait, vous verrez. Sa mère non plus d'ailleurs, mais je vous fais confiance pour le prendre comme il est. Parfois il vous amusera, beaucoup même, parce qu'il sait être fendard. Parfois il vous fera fondre. Il a l'art de se mettre ses maîtresses dans la poche d'un regard en chocolat par dessus une dictée un peu erronée. Je ne vous cacherai pas qu'il n'a pas toujours bon caractère. Sa mère non plus d'ailleurs... Il paraît qu'elle est gentille mais parfois un peu hystérique. Méfiez-vous d'elle, elle a la plume facile. Voilà. Je vous le confie. Lui qui me surprend depuis neuf ans, lui qui n'est jamais là où je l'attends. Lui qui m'épuise, me ravit, me rend fière, me rend dingue, me fait rire…

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Piscine

Chère Maîtresse, J'espère que vous ne vous êtes pas trop étonnée de trouver un maillot dans le cartable de mon fils. Moi, je fus dépitée de trouver une équerre dans le sac de piscine. Je crois que je suis toujours en déni de rentrée, il paraît que c'est grave... Et surtout empoisonnant! Parce qu'avec un maillot en cours de géométrie, on peut toujours faire des pliages mais avec une équerre à la piscine, j'ai eu beau tourner le problème sept fois dans mon bonnet en latex, rien n'est venu. "Bon, les enfants, vous restez en slip, ni vu ni connu dans le grand bassin!" C'était oublier le slip vert à dinosaures, discret comme un phare dans la nuit . Et la mère indigne de poursuivre: "Si le maître-nageur te parle, fais comme si tu ne comprenais pas..." Que celle qui n'a jamais oublié les maillots me jette la première pierre... L'après-midi piscine a enfin commencé, dans le slip et la bonne humeur, jusqu'à ce qu'une vilaine guêpe ne vienne tout saboter. La voilà qui se glisse dans ma jupe posée dans l'herbe et s'y endort joyeusement.. Jusqu'à ce que je me rhabille... et que je referme ma ceinture... Ah, chère…

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Rentrée des classes

Chère maîtresse, j'espère que vous avez passé de bonnes vacances et que vous êtes BIIIIIEEEEEN détendue. Moi, tellement que j'ai raté la rentrée. Nous sommes arrivés comme des fleurs à 8h45 au lieu de 8h30... L'avantage, c'est que depuis que je suis écrivain, j'ai l'étiquette d'artiste zinzin: on me pardonne tout. Ça y est, mon bébé est entré en GS... Et dire qu'il ne m'a même pas dit au revoir ! Il n'y en avait que pour Noé, Hugo, Jules et les autres... Comme si Noé, Hugo, Jules et les autres lui avaient préparé son cartable, étiqueté tous ses crayons, cousu un sac spécial change et repassé sa tenue de rentrée! Les enfants sont d'une telle ingratitude, vous ne trouvez pas? J'ai eu beau attendre patiemment, et vous aussi d'ailleurs, rien n'y a fait... Quand vous m'avez poussée gentiment vers la sortie, j'ai su que je gênais... Dehors, j'ai croisé tout un tas de mamans qui gardaient la tête haute mais n'arrivaient pas à quitter la grille de l'école. Me revoilà chez moi, le cœur gros. Y a plus de bébé, qu'ils disaient... Heureusement, il y a le chien... Les chiens, eux, n'ont ni rentrée ni copain ni crayon à…

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Ma première lettre de fan

100% authentique. "Cher et séduisante Mme Tramier. Depuis le jour où vous m'avez croiser au Parc sans me voir, dès que je vous ai aperçue, mes jambes sont devenue flagada. Mon cœur ses mi à bondir! Maintenant je ne pense plus qu'à vous. Viendrez-vous à mon rendez-vous au Rocher du Dragon, devant le stade, mardi à 7 heures? J'ai aussi lu vos livres et ils sont génial! Je peux juste vous dire que mon nom commense par C..." Cet inconnu me fait fondre

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