Chère Maîtresse,
Je vous prie d’ores et déjà d’excuser la note épouvantable de mon fils en dictée cet après-midi (oui oui, celle qu’il n’a pas encore faite). Je vous jure qu’il a révisé d’arrache-pied, mais il est épuisé et j’en prends l’entière responsabilité.
Il faut dire que le pauvre enfant a eu un week-end chargé. On organisait sa fête d’anniversaire. Seulement voilà : il est loin, l’âge de la pêche à la ligne, maintenant on veut la soirée cinépyjama avec tous les copains.
Comment, dites-vous ? Je les ai couchés trop tard ? Mais que nenni, à dix heures, ils étaient au lit ! Seulement… il y a eu la bataille de coussins (je trouvais ça étrange, tout ce bruit au-dessus de ma tête, mais bon, je n’ai rien dit…). Et puis il y a eu le concours de blagues (j’étais derrière la porte, non pas pour écouter mais pour surveiller. Ah, ils se sont bien marrés, croyez-moi, et moi aussi d’ailleurs !) L’heure tournait, mais bon… je n’ai toujours rien dit. Pourquoi, dites-vous ? Mais parce que c’est ça la vie, les amis, les sourires. Ah, chère maîtresse, je suis navrée, tout est parti à vau-l’eau et ils se sont couchés à une heure tout à fait indécente. Mais que pèse une dictée contre un souvenir à vie ?
Très chère maîtresse, ne nous jugez pas mal. On n’est pas sérieux quand on a neuf ans, et encore moins quand on est une maman. Si cela vous console, appelez-moi, je ferai la dictée. Je ne vous décevrai pas: comme je vous l’ai dit, nous avions franchement bien révisé.
Veuillez agréer mes salutations les plus sincères,
Aurélie