La check-list de la rentrée

Chère Maîtresse, Il s’est levé aux aurores tant il était excité, encore plus tôt que d’habitude. A 6h45, je l’ai trouvé tout habillé attablé dans la salle à manger, le dos penché sur un papier qu’il a fait disparaître sous son bol à mon arrivée. Le sourire béat, la mèche décoiffée… Aujourd’hui, il entre au collège. Enfin… A 7H15, le voilà qui piaffe, "vite vite, il faut y aller, souviens-toi d’il y a deux ans quand tu m’as fait rater la rentrée !" A 7h30, nous étions dans le bus, bien trop en avance, mais qu’à cela ne tienne. Et puis je l’ai laissé. Grand. Seul. Un cartable vide sur le dos. Il a suivi sa nouvelle classe et a disparu dans le ventre gargouillant de l’établissement. Sans un regard. A mon retour, la maison était bien vide. Sous le bol, j’ai trouvé le document secret. Sa « check-list » pour la rentrée. Que des choses essentielles qu’il ne fallait surtout pas oublier. S’habiller… On y aurait pensé. Manger. Cet enfant est plein de bon sens. Se laver les dents. Toujours mieux. 7 minutes?! Mon fils sera dentiste... Mettre chaussure. Je vous rassure, il en a même mis deux. Mon…

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Bonnes vacances!

Chère maîtresse,les vacances scolaires allemandes s'ouvrent ENFIN sur ce magnifique portrait de famille qui revient de l'école coincé entre des dizaines d'œuvres d'art. Tout y est ou presque. Il manque bien quelques cheveux à certains, mais le sourire est là. Notre plus beau cliché de l'été !Et sur ce, BONNES VACANCES !#aurelietramier #cheremaitresse #vacances #enfinlété #été #francaisamunich #école #cheremaitresse #chroniquedunemamandebordee #enfant

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Adieu les CM2

Chère maîtresse, Hier, quand la cloche a enfin sonné, ils n’étaient même pas tristes de vous quitter. Les enfants sont parfois bien ingrats. Ils sont sortis le cartable léger, un sourire grand comme une banane, se tenant par le cou en beuglant : « On est collégiens ! » Ah, chère maîtresse, ne pleurez donc pas. Vous avez bien travaillé : ils sont prêts. Demain, eux qui étaient les grands deviendront les petits. Eux qui paradaient se feront discrets. Dieu sait qu’ils ont tant aimé cette école. Mais à bien y réfléchir, ils s’y sentaient à l’étroit, ils y étaient trop grands dans leur corps en changement. « Maman, c’est dingue, m’avait dit mon fils à la rentrée, les CPs rapetissent chaque année. » Ils sont sortis en chantant, sans un regard pour vous et pour ces murs qu’ils n’oublieront jamais. Mais ne vous en faites pas, vous resterez là, toute leur vie, blottie dans leur mémoire. Je me souviens de ma maîtresse de CM2. Elle était terrifiante. Pas comme vous, bien sûr, n’interprétez pas. Je me souviens de ma classe, de mes copains, de cette peur panique à l’approche de la dernière sortie car moi, contrairement à mon fils,…

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Le socolat

Chère maîtresse, je rentre chez moi ce soir avec un diplôme qui pour moi veut dire beaucoup... Cinq ans d'orthophonie qui s'achèvent, une à deux fois par semaine, avec un enfant puis l'autre. Ainsi donc, nous ne mangerons plus de chauchiches à la maison, ni de socolat, nous n'aurons plus saud l'été, ni choif d'ailleurs.. La vie ne sera-t-elle finalement pas terriblement banale ? Ah, chère maîtresse, les liaisons dangereuses resteront pour toujours mon livre de chevet... Liaisons, erreurs de prononciation, toutes ces jolies choses qui font le charme des enfants, saurai-je désormais m'en passer ? Nous avons refermé la porte du cabinet fièrement, le diplôme en main et le cœur un peu gros. Et en nous retournant, nous avons dit : merchi... #aurelietramier #cheremaitresse #orthophonie #chroniquedunemamandebordee #enfant #parent

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Les deux BN

Chère maîtresse,Il n’y a rien que j’aime tant que les différences culturelles.Crèche : la mère allemande a une patience d’ange. Elle ne s’énerve jamais et a tout son temps. La mère française lui jette un regard entendu : ses enfants, eux, seront bien élevés. La mère allemande accourt à 15h pour récupérer son enfant, s’excusant d’arriver si tard. La mère française libère la nounou à 19h, s’excusant de partir si tôt.Goûter : la mère allemande donne des saucisses, du poivron, des concombres, du fromage et du radis. On goûte toutes les deux heures. En supplément, la maîtresse reçoit tous les jours un panier de crudités à partager. Les enfants ont une gourde et peuvent boire à longueur de journée. La mère française donne deux BN.Cantine: le collège est jusqu’à 14h sans pause. La mère française demande quand son ado va déjeuner. Tout le monde la regarde, étonné. La mère française est outrée.Vêtements : la mère française raffole des jupes à paillettes, des collants à nœuds et des souliers vernis. La sortie d’école est un ravissement car les petites filles ont cet art de ne pas se salir. La mère allemande la regarde en riant, mais bon sang, à quoi ça…

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364 dodos

Chère maîtresse, C’est aujourd’hui le 23 mai tant attendu. 364 jours que nous comptons les dodos… Aujourd’hui, mon tout-petit a 7 ans. Sans doute est-ce une plaisanterie… Lui ne voit pas le problème, il a eu du mal à s’endormir et s’est réveillé aux aurores. Pour une fois, il n’a pas été en retard pour partir à l’école. Mais oui, parce qu’aujourd’hui, c’est tellement mieux d’être en classe avec les copains qu'à la maison avec une maman désespérée de le voir grandir si vite. Là-bas, il sera le roi de la journée, surtout ici, en Allemagne, où on fait sauter l’heureux élu sur sa chaise, porté par les maîtresses, et où on le couronne. J’ai attaché un ballon à son cartable, j’ai vu que ça se faisait. Comme cela, il sera impossible à manquer. Il est parti fier comme Artaban, le sourire grand comme une banane, les yeux dans les étoiles, oubliant un peu de me dire au revoir. Ce soir, quand il reviendra, je le trouverai changé. Grandi. Assagi. Raisonnable, peut-être, n’est-ce pas ce que l’on dit ? Ou peut-être au contraire, ne retrouverai-je que lui, ses yeux comme des bouts de ciel et ses dents écartées... Comme tous…

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Mes voisins les Boudhistes

Chère maîtresse, Mes voisins sont des moines bouddhistes. Si si, je vous assure, en pleine ville, ça peut paraître étrange, mais des vrais moines en robe orange qui ne parlent pas un mot de notre langue. Dans un temple. Avec une magnifique statue de Bouddha géante dans leur jardin. Pour une mère de famille, c’est une bénédiction. Au printemps, par la fenêtre ouverte, je les entends prier. Et je me félicite chaque jour de les faire grandir en sainteté. C’est un travail exténuant, mais ces moines ne pouvaient rêver meilleurs voisins que nous. Pour pratiquer la résilience, vous comprenez. Quand ils entendent mes enfants hurler et se disputer, ils apprennent à se détacher de la contingence et de la réalité. Quand ils reçoivent, pour la trentième fois de la journée, un ballon de foot dans le nez, ils se contentent de le renvoyer par-dessus le mur. Sans un mot. Quand mon fils joue au basket dans la cour dès potron-minet, ils se mettent en position du lotus. Zen un jour, zen toujours. Chère maîtresse, on ne parlera jamais assez de l’art de bien choisir ses voisins. Il y a quelques années, lorsque j’hébergeais notre garde partagée, je m’excusais souvent auprès…

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Les légumes biscornus

Chère maîtresse, Je me suis abonnée il y a peu à une bio box étonnante. Les légumes y ont une forme étrange : trop petits, trop joufflus, trop gros, de vrais petits ovnis. Ce sont des « pas beaux », c’est écrit sur l’étiquette. Cela veut dire en fait « pas dans la norme ». Personne n’en veut, les supermarchés les rejettent, il faut les inscrire dans des circuits parallèles. Pourtant, une fois ces pauvres petits cuisinés, ils ont bien le même goût que leurs congénères. Ah, chère maîtresse, ces légumes me font bien de la peine ! Est-ce donc un si grand crime d’être biscornu ? Ainsi donc une carotte n’a pas le droit d’être atypique ? Chère maîtresse, cette box est comme une classe, elle déborde d’êtres différents et pourtant si touchants. Ici, un artichaut au grand cœur, généreux comme tout. C’est vrai qu’en société, il a beaucoup de mal à s’intégrer, et pourtant, humainement, il vaut tellement le coup. Là, une patate douce trop agitée. Elle ne tient pas sur sa chaise, elle a du mal à se concentrer. Et ce kiwi un peu trop petit, complètement renfermé sur lui-même. Sa dyslexie le ronge, tout le monde…

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Une tirelire-lama vert

Chère maîtresse, Ainsi donc, je l’ai reçu la semaine dernière, ce fameux cadeau. Vous vous souvenez, celui qu’il a acheté en y mettant tous ses sous. Je ne pensais pas qu’il attendrait un mois, mais il l’a fait. Mon fils est comme le Vésuve : imprévisible et débordant (de joie, de colère, mais surtout de générosité). Il m’a donc offert une tirelire verte en forme de lama pour mon anniversaire. Avec toutes ses économies. Il ne lui est rien resté. Même dans mes rêves les plus fous, je n’y aurais songé. Il eût fallu en soupçonner l'existence. Une tirelire-lama vert. Le plus exotique de mes cadeaux. Incongru. Délicieux. Touchant. « Ça te plaît, hein, maman ! Comme ça tu pourras mettre l’argent de ton travail dedans… » On n’est pas sérieux quand on a dix ans. Ce matin, mon lama me darde d’un regard fier. Il m’encourage à travailler. Il va falloir le remplir tout de même. Mes clients ne me réglant pas en pièces de un euro, je cherche un joli projet pour ce lama. Une cagnotte à la hauteur de sa générosité. En attendant, il finira sûrement dans un roman. Un lama vert en guise de tirelire… Dans…

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Astronaute ou dessinateur de manga

Chère maîtresse, Choisir un métier est bien difficile quand on est un enfant. Mon cadet hésite depuis un an entre astronaute ou dessinateur de manga. Le choix est cornélien. « Dans tous les cas, fais-je remarquer, il va falloir bien travailler à l’école.» Son petit frère, 6 ans, celui qui a un poil dans la main si grand qu’il peut s’en servir de canne pour marcher, l’observe en soupirant : « Moi j’aime pas l’école. Je voudrais plutôt travailler. D’ailleurs, comme je sais déjà jouer au foot, je ne vois pas pourquoi je ne peux pas travailler et être joueur de foot. » Je ris sous cape. « Mon pauvre chéri, tu es né trop tard dans un monde trop injuste. Si tu étais né « à l’époque » (selon ses termes, comprenez il y a 150 ans), tu serais déjà au boulot. » Ses yeux s’écarquillent de regret : « Vraiment ? Et je n’irais pas à l’école ? » « Certainement pas, réponds-je, mais tu n’avais pas le choix, tu faisais le même métier que tes parents. » Il se tait, songeur. Il répète pour bien comprendre : « Je faisais le même métier que mes parents ?…

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Le poids des mots

Chère Maîtresse, Je vous prie d’ores et déjà d’excuser la note épouvantable de mon fils en dictée cet après-midi (oui oui, celle qu’il n’a pas encore faite). Je vous jure qu’il a révisé d’arrache-pied, mais il est épuisé et j’en prends l’entière responsabilité. Il faut dire que le pauvre enfant a eu un week-end chargé. On organisait sa fête d’anniversaire. Seulement voilà : il est loin, l’âge de la pêche à la ligne, maintenant on veut la soirée cinépyjama avec tous les copains. Comment, dites-vous ? Je les ai couchés trop tard ? Mais que nenni, à dix heures, ils étaient au lit ! Seulement… il y a eu la bataille de coussins (je trouvais ça étrange, tout ce bruit au-dessus de ma tête, mais bon, je n’ai rien dit…). Et puis il y a eu le concours de blagues (j’étais derrière la porte, non pas pour écouter mais pour surveiller. Ah, ils se sont bien marrés, croyez-moi, et moi aussi d’ailleurs !) L’heure tournait, mais bon… je n’ai toujours rien dit. Pourquoi, dites-vous ? Mais parce que c’est ça la vie, les amis, les sourires. Ah, chère maîtresse, je suis navrée, tout est parti à vau-l’eau et ils se…

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