La maman sérieuse

Chère maîtresse, Aujourd’hui c’est carnaval ! J’adore déguster le défilé des enfants tout excités à l’idée de cette journée. Passés les multiples princesses, Spiderman et Star Wars (dont mon fils fait partie, ciel, faut-il l’avouer, avec un peu de chance, vous ne l’auriez pas reconnu…), il y en a toujours qui font preuve d’une immense créativité. Ce matin, j’ai croisé une banane, un lampadaire (idée lumineuse !), une machine à pop corn, une fraise et une sirène. Ça tombe bien, aujourd’hui, il paraît qu’ils ont piscine. Il y a les enfants aux déguisements 100% faits maison, ceux qui ont Christian Dior chez eux, ceux qui ont bricolé des choses avec des cartons, ceux qui ont des costumes un peu ratés mais tout le monde a fait de son mieux. Mais laissez-moi vous conter ma mésaventure : ce matin, j’étais fatiguée et j’ai chaussé mes lunettes dès le petit déjeuner, ce qui n’arrive jamais. Devant l’école, un papa me salue: « Ah, toi aussi, tu t’es déguisée ? » Ah chère maîtresse ! Imaginez mon désarroi. Moi, déguisée ? A cause de mes lunettes ? Mais en quoi ? Je retourne la question depuis 8h30 et il n’y a guère qu’une…

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Ma mère, elle n’est plus là

Chère maîtresse, C’est moi et pas ma mère qui vous écris aujourd’hui. Voilà, je voudrais vous dire que je n’arriverai pas du tout à travailler mon contrôle d’anglais de la semaine prochaine. Ben oui, j’ai besoin de ma mère pour ça, et en fait, c’est la cata, elle n’est plus là. Enfin, si, elle est là dans la maison, mais elle ne me voit pas. Depuis qu’elle a recommencé à travailler sur son roman, tout est devenu trop compliqué. Le soir, elle a la tête en l’air, on lui parle, mais elle ne nous écoute plus, et d’un coup elle a un sursaut et elle se précipite pour écrire des choses dans son carnet. Et même quand on fait des bêtises, elle ne dit rien et elle rigole d’un air absent. Ce n’est pas facile vous savez et ça me donne beaucoup de travail. Faut toujours être là pour réparer les dégâts. Elle a mis une machine sans le linge dedans, oublié le dîner dans le four, elle a servi du coca au chien et de la pâté à table. Vraiment, oui, c’est très très compliqué. Et le pire c’est que quand je rentre de l’école, je vois bien qu’elle…

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#8 – S’adapter

C’est l’histoire d’un enfant allongé, muet, immobile. C’est l’histoire d’une maison qui raconte ce gamin et qui observe en silence son frère pétri d’amour pour cet enfant sans vie et sa sœur qui se révolte et hurle qu’elle vit. S’adapter. Un roman sur le handicap qui me touche en plein cœur pour beaucoup beaucoup de raisons. Un très grand roman pourtant pas bien épais mais qu’il faut lire, offrir et méditer. Comme souvent, le Goncourt des Lycéens a su distinguer cette pépite. Le Femina a suivi. C’est l’histoire d’un succès. S’adapter, Clara Dupont-Monod, Le Livre de Poche, 7,70€

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Doudou

Chère Maîtresse, Aux grands maux les grands remèdes. Oui, les journées de CP peuvent être bien longues pour un enfant qui rêve d’être encore en vacances. Ah, ces semaines à la plage à courir derrière les coquillages, pourquoi a-t-il fallu que cela se termine? Et cet automne qui est venu sans crier gare, même pas le temps de jouer les prolongations à la piscine ou sur les lacs. Où donc est passé ce soleil tant aimé ? Ah, chère maîtresse, mon fils a les jambes qui fourmillent de rester assis toute la journée à travailler, travailler, travailler… C’est donc ça, la grande école ? Que faire ? On nous a bien autorisé les doudous. Mais un doudou n’est qu’une fiction, chacun sait que ça ne sert à rien. Mon fils a évoqué l’idée du chien. J’ai essayé de le mettre dans le cartable, il rentre, c'était nickel, mais sans doute pas très convenable. Alors on a fait ça: une photo du chien chéri collée dans le couvercle. Mieux qu’un doudou. Bien sûr j’aurais préféré qu’il demande une photo de moi, mais bon, le chien, c’est déjà pas mal. Le soir, l’enfant était radieux : « Et tu sais, Pepito, il…

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La maîtresse punk

Chère Maîtresse, Hier mon fils rentre de l’école les yeux encore écarquillés de stupeur. « Tu sais quoi ? Aujourd’hui, on avait une remplaçante et … et elle était… » Je sens qu’il hésite à dire le mot. « Elle était punk ». Voilà, le mot est lâché et il le regarde se tortiller par terre sans trop oser y croire. « Comment ça, elle était punk ? » je demande en riant. « Eh bien, punk avec les cheveux roses fluo sur le dessus, rasés sur le côté, et des piercings partout. » Chère maîtresse, comprenez son étonnement. Depuis 12 ans que nous fréquentons l’établissement, nous avions été habitués à plus de classicisme. Je commence par appeler la cantine pour vérifier le menu. Non, pas de champignon hallucinogène dans l’omelette. J’envoie un whatsapp au groupe de parents pour vérifier les dires des autres enfants. Non, mon fils n’a pas fumé son cahier de grammaire. Tous confirment : la maîtresse est une punk. Mais attention, précisent-ils : une punk sévère mais très gentille. Ah, chère maîtresse, j’aurais tant aimé être dans votre classe aujourd’hui, pour admirer la tête des bambins étourdis par aussi peu de conventionnalisme. Merci de briser les…

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A la vie, à la mort, Papa, tu as fait tant de belles choses

Chère Maîtresse, Aujourd’hui est son dernier jour. Il s’est levé dès potron-minet, comme d’habitude, et a préparé son cartable, comme si de rien n’était. A 72 ans, il a toujours aimé ça, faire son cartable. Préparer son stylo, classer ses dossiers, de toute façon, l’école, déjà tout petit, il adorait. Le voilà parti, il remonte l’avenue, ouvre son cabinet, tout ça pour la dernière fois. Chère maîtresse, aujourd’hui est son dernier jour mais il part sans regret. « C’est la vie, m’a-t-il dit ». La vie, justement, est le mot qui a guidé la sienne. La vie, il l’a donnée des milliers de fois, y compris la mienne. La vie, il l’a aimée tant et tant que sauver celle des autres est devenu son combat. Car dans son cabinet, la vie, la mort, les bébés, les femmes âgées, malades, ou en pleine santé, tout ça, ça a toujours fusionné. Accompagner les femmes du premier au dernier souffle, voici la mission qu’il s’était donnée. Ecouter, suivre, conseiller, consoler. Son métier, sa passion, à la vie à la mort, samedi et dimanche compris. Et quelques fois justement, la mort, elle l’a fait pleurer. Parce que oui, les médecins, ça pleure aussi. Parce…

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Le poids des mots

Chère Maîtresse, Je vous prie d’ores et déjà d’excuser la note épouvantable de mon fils en dictée cet après-midi (oui oui, celle qu’il n’a pas encore faite). Je vous jure qu’il a révisé d’arrache-pied, mais il est épuisé et j’en prends l’entière responsabilité. Il faut dire que le pauvre enfant a eu un week-end chargé. On organisait sa fête d’anniversaire. Seulement voilà : il est loin, l’âge de la pêche à la ligne, maintenant on veut la soirée cinépyjama avec tous les copains. Comment, dites-vous ? Je les ai couchés trop tard ? Mais que nenni, à dix heures, ils étaient au lit ! Seulement… il y a eu la bataille de coussins (je trouvais ça étrange, tout ce bruit au-dessus de ma tête, mais bon, je n’ai rien dit…). Et puis il y a eu le concours de blagues (j’étais derrière la porte, non pas pour écouter mais pour surveiller. Ah, ils se sont bien marrés, croyez-moi, et moi aussi d’ailleurs !) L’heure tournait, mais bon… je n’ai toujours rien dit. Pourquoi, dites-vous ? Mais parce que c’est ça la vie, les amis, les sourires. Ah, chère maîtresse, je suis navrée, tout est parti à vau-l’eau et ils se…

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Un petit arbre qui n’a l’air de rien

C’est un petit arbre qui n’a l’air de rien, tout seul au milieu du jardin. C’est un arbre qui me tend la main, m’appelle de ses feuilles, s’il te plaît, viens vers là, j’ai un secret à te conter. C’est un arbre qui a dix ans. Il a été planté il y a déjà longtemps, le jour où… le jour où... le jour où on lui a demandé de vivre pour ceux qui ne le feraient pas. Une vie d’arbre contre deux souffles trop fragiles, une vie de feuilles pour les raconter au vent, encore et encore, une vie de racines parce que les absents font partie de nos vies, même si on ne les voit plus, ils sont là, invisibles et pourtant ils tiennent tout. J’ai caressé son tronc, j’ai parlé à ses feuilles, j’ai fermé les yeux pour l’écouter chanter et je l’ai trouvé beau. Cet arbre est la vie qui vainc une nuit bien noire. Cet arbre est majestueux car il parle d’espoir. Le 15 octobre est la journée du deuil périnatal, un deuil mal connu et toujours très tabou. Cet arbre n’est pas mon arbre mais je l'ai rencontré. Et je lui souhaite la plus jolie…

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Lettre à mon fils

Mon enfant, Voilà onze ans que je suis née. Tu m’observais sans mot dire avec tes grands yeux sombres. Et moi, avec trois kilos deux dans les bras et dix kilos de trop dans le ventre, je savais que plus rien ne serait comme avant. Avant je n'étais qu'une femme frivole, avec ses talons trop hauts et ses robes trop plissées. Puis les robes se sont tachées, les talons se sont abaissés, les ongles se sont rongés, le mascara a coulé, eh oui, tu m'en as fait baver, mais tout ça, on s'en fout pas vrai? Pour moi, tu as ouvert ton plus joli dictionnaire et tu as éclairé des mots d'un sens nouveau. "Angoisse", comme quand tu convulsais et qu'avec ton papa, on restait pétrifiés; "responsabilité" de tenir soudain ta petite vie entre nos mains ; "passion", celle avec un grand P, qui peut te faire vibrer et souffrir à en crever ; « fierté » pour tout ce que tu fais, même un gribouillis sur une feuille de papier ; « amour », évidemment, mais maintenant au pluriel, pour toi, pour tes frères, ton père, mes parents… Mon fils, il y a onze ans que tu m'as donné…

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Les faux amis

Chère Maîtresse, Je crains que votre leçon d’hier n’ait été l’objet d’une déception intense… Dès le matin, mon fils se réjouissait : « Aujourd’hui, on va étudier les faux amis ! » Ma foi, il en faut peu pour être heureux « Les faux amis ? Entre le français et l’allemand ? » Il me regarde d’un air condescendant : « Mais qu’est-ce que tu racontes ! Les faux amis, quoi ! « Et d’ajouter d’un air entendu : « Enfin, je vais savoir…» 16h : je récupère devant l’école un bonhomme déconfit. « Et ta journée, c’était comment ? » « Nul ! On devait faire les faux amis, et on n’a fait que du vocabulaire ! » Et de soupirer : « Moi qui pensais enfin savoir si Nico était un copain… » Je ris sous cape. Moi, chère maîtresse, je vous remercie, oui du fond du cœur, merci de m’éviter de nouvelles entorses à la politesse toujours plus difficiles à rattraper. Car si le « s’il vous plaît » allemand fait rire dans les chaumières depuis de longues années, d’autres jolis mots savent se montrer plus sioux. Combien de fois mes enfants ont-ils parlé au parc d'une…

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18 LUCKY JOEYAujourd’hui, une idée pour les plus petits !

18 LUCKY JOEY Aujourd’hui, une idée pour les plus petits ! Lucky Joey est l’une des nombreuses recommandations que j’ai achetées sur les conseils de la Petite Librairie ! A mon tour de vous le recommander. Aucun risque de doublon, le livre vient de sortir ! Joey est un adorable écureuil qui vit à New York. Laveur de vitres, il rêve de gagner assez d’argent pour épouser sa dulcinée, Léna, lingère de formation. Joey est amoureux et est le plus chanceux. Jusqu’à ce que son ami le Grizzli disparaisse brusquement laissant à Joey un curieux trésor. Une jolie histoire aux superbes illustrations, dont petits et grands ne se lasseront pas. LUCKY JOEY, C.Norac et S.Poulin, L’Ecole des Loisirs, 15€ = > Vous avez manqué l’une de mes suggestions ? Retrouvez mon calendrier sur http://35.180.24.181/ aurelietramier calendrierdelavent livre lecture instabook bookstagram ideescadeaux calendrierlivresque  cadeau # luckyjoey carlnorac stephanepoulin newyork reve enfant lecoledesloisirs @lapetitelibrairie @LAGRIFFENOIRE

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Chère Maîtresse,du temps où l’on pouvait encore aller à l’école (ie avant-hier), mon fils me demandait souvent d’y emmener son jouet préféré.

Chère Maîtresse, du temps où l'on pouvait encore aller à l'école (ie avant-hier), mon fils me demandait souvent d'y emmener son jouet préféré. Et bien sûr, je disais toujours non. Il va être perdu, confisqué, il est trop encombrant. Ah, chère maîtresse, les temps ont bien changé! Je regrette cette joie du départ à l'école, ce sourire de l'attente pour entrer dans la classe, ce bonheur de se savoir rassuré parce qu'on a emmené en secret son dinosaure préféré, et que maman, bien sûr, ne s'en est pas rendu compte. Chère Maîtresse, les enfants ont finalement un sens incroyable de l'essentiel, celui-là même que l'on perd en grandissant. La seule chose qui compte, c'est de continuer à rêver.

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16 décembre – Peindre la pluie en couleurs

16 PEINDRE LA PLUIE EN COULEURS Parce qu’aucun titre n’aurait pu mieux coller à l’ambiance morose de cette fin d'année... Parce que si l’on peignait la pluie en couleurs, ce serait si joli... Parce que les enfants ont toujours cet art de rendre la vie plus gaie... Parce que rien n’est jamais perdu… Parce que ce roman a changé ma vie, et pour cause, voici ma recommandation du jour. Morgane est une directrice de crèche solitaire et revêche qui ne supporte plus les enfants. Sa vie bien rangée bascule lorsque sa sœur décède en lui confiant ses deux enfants, Eliott, 10 ans, et Léa, bientôt 7. L’arrivée des enfants bouscule son quotidien maniaque et fait ressurgir les démons du passé…. Gérard Collard a adoré : « Bien fichu, intelligent, c'est tout en délicatesse. J'ai adoré ! Un des meilleurs romans de détente que j'ai lus depuis longtemps »   Et si vous aussi, en 2021, vous peigniez la pluie en couleurs ?   Pstt : pour les personnes à visibilité réduite, le roman est disponible chez A vue d’œil en gros caractères, à commander sur leur site ou chez votre libraire. Egalement disponible sur le site de la Fnac.   = > Vous avez manqué l’une de mes suggestions ?…

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15 décembre – Toutes les histoires d’amour du monde

15 TOUTES LES HISTOIRES D’AMOUR DU MONDE Aujourd’hui je vous invite à découvrir et offrir le superbe roman de Baptiste Beaulieu. Roman ? Pas tant que ça puisque l’histoire est celle de son grand-père, découverte entre les lignes de vieux carnets oubliés. Des lettres, des lettres, une par an, adressées à une jeune fille dont l’auteur ignore tout, une enfant de la seconde guerre mondiale qui devrait avoir aujourd’hui un âgé très avancé. L’auteur plonge dans les secrets de son grand-père, prisonnier de guerre en Allemagne et amoureux… d’une allemande, elle-même résistante et opprimée. Habitant en Allemagne, j’ai aimé ce point de vue nouveau et sans jugement. L’histoire est belle, poignante, et on aimerait que Baptiste Beaulieu retrouve Anne-Lise, pour de bon, pour lui raconter l’histoire brisée de ce père qu’elle n’a pas connu et lui parler de cette tristesse au fond de ses yeux qui ne l’a jamais quittée. L’histoire en profite pour affronter ses propres démons et renouer avec son père. A lire, à offrir, à méditer. Un livre qui touchera encore plus tous ceux qui sur ma page connaissent bien l’Allemagne.  TOUTES LES HISTOIRES D’AMOUR DU MONDE, Baptiste Beaulieu, Le livre de poche, 8,40€ aurelietramier calendrierdelavent livre lecture instabook…

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