Les grandes feuilles de canson

Chère maîtresse, La jeunesse me stupéfie. Je ne parle pas de la mienne, naturellement éclatante, mais bien de mes enfants. Mon fils rentre hier soir : « Maman, je dois faire un exposé de géographie avec deux copains. » « Génial, dis-je, j’ai encore quelques grandes feuilles pour préparer vos panneaux. » Il m’observe d’un air navré et soupire. De mon temps, pour un exposé, je descendais acheter à la papeterie des grandes feuilles de canson. Puis nous passions des heures à écrire le titre au feutre ou au pastel, sans déborder, sur des lignes préalablement tracées. Enfin, comble de la technologie, nous imprimions quelques images et quelques textes, les découpions et les collions. L’exposé trônerait ainsi sur les murs de la classe jusqu’à l’été. On se retrouvait avec ma copine le mercredi après-midi pour préparer tout ça. Ah… [soupir]. Ni une ni deux, mon fils allume l’ordi. Il crée un power point, un lien de partage et le balance à ses copains par la magie du Saint-Esprit. Hurlement de joie : « Maman, c’est tellement drôle, je les vois écrire en même temps que moi, on dirait des fantômes dans ma présentation… » J’en reste comme deux ronds de…

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JOYEUX ANNIVERSAIRE, chère maîtresse !

Trois ans que vous me supportez ! Trois ans que nous cheminons main dans la main… Et que je vous ai envoyé la bagatelle de 96 lettres… Chère maîtresse, notre idylle a commencé le 16 mars 2020 quand nos écoles ont fermé. Le COVID ne nous a pas tuées, il nous a inspirées. J’attendais depuis tant de mois la parution de mon premier roman édité. Le couperet est tombé. Les librairies fermaient, le roman était décalé. Bien sûr, c’était sans gravité mais la pilule avait du mal à passer. J’ai fait le pari de vous écrire chaque jour de fermeture de l’école, et tant que cela durerait. Chère maîtresse, il y a eu des moments terribles, je ne vous le cacherai pas. Il y a eu des larmes, de la colère, des enfants, des parents, des angoisses que, j’espère, mes fils oublieront. Pour ne garder que cette compilation-là. Humoristique, peut-être peu réaliste, mais c’est comme cela que l’on construit les plus beaux des souvenirs. Toutes mes chroniques sont désormais disponibles sur mon beau site internet refait à neuf par un mari patient, patient, si patient que s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. L’intégral, c’est par ici ! https://aurelie-tramier.fr/category/chere-maitresse/ #aurelietramier#cheremaitresse#lintegrale#chroniquedunemamanconfinee#parentalite#confinement#ecolealamaison#education#ecoleprimaire

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Elle s’appelait Agnès

Chère Maîtresse, Je n’aime pas parler d’actualité. Et comme j’habite à l’étranger, je la suis généralement assez peu. Mais voilà, chère maîtresse, depuis quelques années, votre métier semble de plus en plus difficile… Eprouvant… Dangereux. Elle s’appelait Agnès. Cela veut dire « sacré ». Comme l’agneau sacrifié. Il y avait un temps où le professeur avait encore cette aura. On les respectait. On ne les frappait pas, on ne les tuait pas, on ne les laissait pas le matin vivre dans la terreur. Il y a eu ce geste terrible. Loin d’être le premier. Et je n’ose dire le dernier. Chère maîtresse, cela fait mal pour vous. Pour tous ceux qui, comme vous, ont choisi de transmettre, d’enseigner, de donner. Et puis, derrière l’horreur, il y eut la beauté. Ultime. Jamais un enterrement n’aura eu tant de grâce ni de sincérité. Un homme seul, abandonné devant un cercueil. Chère maîtresse, il y a des personnes comme des étoiles. Qui au fond de l’obscurité trouvent encore la force de briller. Danser avec un souvenir… Et entraîner dans sa valse des couples aux yeux bien rouges. Danser comme un pied de nez. Être celui qui souffre et irradier quand même. Danser seul.…

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La maman sérieuse

Chère maîtresse, Aujourd’hui c’est carnaval ! J’adore déguster le défilé des enfants tout excités à l’idée de cette journée. Passés les multiples princesses, Spiderman et Star Wars (dont mon fils fait partie, ciel, faut-il l’avouer, avec un peu de chance, vous ne l’auriez pas reconnu…), il y en a toujours qui font preuve d’une immense créativité. Ce matin, j’ai croisé une banane, un lampadaire (idée lumineuse !), une machine à pop corn, une fraise et une sirène. Ça tombe bien, aujourd’hui, il paraît qu’ils ont piscine. Il y a les enfants aux déguisements 100% faits maison, ceux qui ont Christian Dior chez eux, ceux qui ont bricolé des choses avec des cartons, ceux qui ont des costumes un peu ratés mais tout le monde a fait de son mieux. Mais laissez-moi vous conter ma mésaventure : ce matin, j’étais fatiguée et j’ai chaussé mes lunettes dès le petit déjeuner, ce qui n’arrive jamais. Devant l’école, un papa me salue: « Ah, toi aussi, tu t’es déguisée ? » Ah chère maîtresse ! Imaginez mon désarroi. Moi, déguisée ? A cause de mes lunettes ? Mais en quoi ? Je retourne la question depuis 8h30 et il n’y a guère qu’une…

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Passé pas si simple

Chère maîtresse, Ne croyez rien de ce qu’a dit mon fils, je suis bien présente et je n’ai jamais été aussi en forme, si je compte sans mes cheveux que j’ai arrachés ce week-end pendant la révision de la conjugaison. Le passé (pas si) simple. Vous me faites un sale coup. Pourquoi les Français sont-ils les seuls à dissocier ce passé exotique de l’imparfait ? Non mais parfois on se pose des questions. Il faut dire que tout avait mal commencé. « Conjugue-moi le verbe aimer ». « J’aima, tu aimas, il aimât, ils aimarent… » (un peu comme dans ils enonmarrent sans doute). J’adopte la position du lotus et je respire profondément. « Bien, passons à la suite ». Ah, chère maîtresse, votre exercice était d’une cruelle difficulté. « Lis le texte et souligne les verbes au passé simple ou à l’imparfait ». Trop fastoche, dit-il… Moi, perso, j’ai les pétoches. « Pour t’aider, je te fais bip quand il y a un verbe que tu oublies. » Il me regarde d’un air hautain. « Il était une fois / bip / une bande de pirates qui vivaient / bip/ sur une île. Un jour, les pirates creusèrent /…

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Ma mère, elle n’est plus là

Chère maîtresse, C’est moi et pas ma mère qui vous écris aujourd’hui. Voilà, je voudrais vous dire que je n’arriverai pas du tout à travailler mon contrôle d’anglais de la semaine prochaine. Ben oui, j’ai besoin de ma mère pour ça, et en fait, c’est la cata, elle n’est plus là. Enfin, si, elle est là dans la maison, mais elle ne me voit pas. Depuis qu’elle a recommencé à travailler sur son roman, tout est devenu trop compliqué. Le soir, elle a la tête en l’air, on lui parle, mais elle ne nous écoute plus, et d’un coup elle a un sursaut et elle se précipite pour écrire des choses dans son carnet. Et même quand on fait des bêtises, elle ne dit rien et elle rigole d’un air absent. Ce n’est pas facile vous savez et ça me donne beaucoup de travail. Faut toujours être là pour réparer les dégâts. Elle a mis une machine sans le linge dedans, oublié le dîner dans le four, elle a servi du coca au chien et de la pâté à table. Vraiment, oui, c’est très très compliqué. Et le pire c’est que quand je rentre de l’école, je vois bien qu’elle…

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Panini

Chère Maîtresse, Nous sommes ici en pleine crise d’hystérie de cartes Panini. Coupe du monde par-ci, coupe du monde par-là. Moi qui ai toujours détesté le foot, maintenant que je suis vaillante maman de 3 garçons, il a bien fallu que je revoie ma copie. Vous n’imaginez pas tout ce que j’apprends. Figurez-vous qu’il y a de Gaulle dans l’équipe de France ? Oui, oui, je vous vois, moi aussi la nouvelle m’a laissée tout ébaubie. Mon fils m’a annoncé ça comme ça, juste après m’avoir dit qu’il y avait deux Hernandez. Pour être honnête, j’ai trouvé cela glorieux. De Gaulle dans l’équipe de France, l’homme qu’il nous faut pour gagner. Les Argentins ont bien le Messi, pourquoi n’aurions-nous pas de Gaulle ? « C’est un descendant ? » Mon cadet me regarde sans comprendre. Mon aîné pouffe de rire. « Mais non maman, il y a de Gaulle dans l’équipe de France. » Je ne vois pas le problème. Il faut dire que j’écris un roman qui se passe en 1940. Mon aîné se tient les côtes. Il me montre l’album. Là-haut, deux petits gars en jaune quand les autres sont en bleu. Je rougis de ma bévue. Ah,…

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Doudou

Chère Maîtresse, Aux grands maux les grands remèdes. Oui, les journées de CP peuvent être bien longues pour un enfant qui rêve d’être encore en vacances. Ah, ces semaines à la plage à courir derrière les coquillages, pourquoi a-t-il fallu que cela se termine? Et cet automne qui est venu sans crier gare, même pas le temps de jouer les prolongations à la piscine ou sur les lacs. Où donc est passé ce soleil tant aimé ? Ah, chère maîtresse, mon fils a les jambes qui fourmillent de rester assis toute la journée à travailler, travailler, travailler… C’est donc ça, la grande école ? Que faire ? On nous a bien autorisé les doudous. Mais un doudou n’est qu’une fiction, chacun sait que ça ne sert à rien. Mon fils a évoqué l’idée du chien. J’ai essayé de le mettre dans le cartable, il rentre, c'était nickel, mais sans doute pas très convenable. Alors on a fait ça: une photo du chien chéri collée dans le couvercle. Mieux qu’un doudou. Bien sûr j’aurais préféré qu’il demande une photo de moi, mais bon, le chien, c’est déjà pas mal. Le soir, l’enfant était radieux : « Et tu sais, Pepito, il…

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La maîtresse punk

Chère Maîtresse, Hier mon fils rentre de l’école les yeux encore écarquillés de stupeur. « Tu sais quoi ? Aujourd’hui, on avait une remplaçante et … et elle était… » Je sens qu’il hésite à dire le mot. « Elle était punk ». Voilà, le mot est lâché et il le regarde se tortiller par terre sans trop oser y croire. « Comment ça, elle était punk ? » je demande en riant. « Eh bien, punk avec les cheveux roses fluo sur le dessus, rasés sur le côté, et des piercings partout. » Chère maîtresse, comprenez son étonnement. Depuis 12 ans que nous fréquentons l’établissement, nous avions été habitués à plus de classicisme. Je commence par appeler la cantine pour vérifier le menu. Non, pas de champignon hallucinogène dans l’omelette. J’envoie un whatsapp au groupe de parents pour vérifier les dires des autres enfants. Non, mon fils n’a pas fumé son cahier de grammaire. Tous confirment : la maîtresse est une punk. Mais attention, précisent-ils : une punk sévère mais très gentille. Ah, chère maîtresse, j’aurais tant aimé être dans votre classe aujourd’hui, pour admirer la tête des bambins étourdis par aussi peu de conventionnalisme. Merci de briser les…

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La plus belle de mes rentrées

Chère Maîtresse, Ça y est, mon tout petit est entré au CP. Je ne vous parlerai pas de ce maelström d’émotions, il n’est pas retombé. Si on ajoute le fait que la nuit avait été courte, trop courte, pour cause de chien vraiment très malade, j’étais dans un état qui n’est pas racontable. 2e jour de CP, voilà mon petit blond parti bien guilleret, me saluant négligemment de loin, déjà avec des copains, chiffonnant de son sourire de grand mon pauvre cœur de maman… Ma dernière rentrée en CP. Alors chère maîtresse, je ne vous en parlerai pas. Ce que je retiendrai de cette rentrée, c’est vous. Car cette rentrée a peut-être été la plus belle de mes rentrées, mais pas pour les raisons auxquelles vous pensez. L’autre jour, en arrivant devant la porte, une maîtresse de CE2 m’arrête pour me dire qu’elle vient de finir La Flamme. Hier, mon fils rentre un sourire jusqu’aux oreilles : « Tu sais, une dame à la cantine m’a dit de te dire que ton livre était super. » Une autre m’arrête à la sortie : « J’ai tant aimé votre Elvire. Elle est maintenant chez Sandrine en MS et l’infirmière lit votre…

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Ma dernière maternelle

Chère(s) maîtresse(s), Demain est le dernier jour et je ne vous dirai pas au revoir. Je partirai bien vite, les yeux gros et le cœur humide. Sans me retourner. Je n'aime pas qu'on me voie pleurer. Chère(s) maitresse(s), depuis 2013, neuf années sont passées. Neuf années de bonheur, de rire, de lettres et de chiffres. Neuf ans de carnaval, de chorale, de colliers de pâtes et de collages. Neuf ans qui ont filé sans avoir la décence de s’attarder. Une, deux, puis trois… Ma dernière maternelle. Alors, chère(s) maîtresse(s), vous me comprendrez. Vous vous souvenez de cette sortie de classe que j’accompagnais ? J’étais épuisée, je m’étais endormie dans le bus de retour… Ah, elle est belle, la maman… Et ces centaines de trajets, le matin avec le chien, main dans la main avec mes lutins. On sautait, on dansait, on faisait la schtroumpf la la. Bien sûr, il y a eu aussi tous les autres où je hurlais qu’on serait en retard. Demain est le dernier jour. De ça. De tout ça. Alors chère(s) maîtresse(s), MERCI… Merci pour les bobos que vous avez pansés, pour les activités que vous avez imaginées, pour les fous rires et les histoires partagées.…

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A la vie, à la mort, Papa, tu as fait tant de belles choses

Chère Maîtresse, Aujourd’hui est son dernier jour. Il s’est levé dès potron-minet, comme d’habitude, et a préparé son cartable, comme si de rien n’était. A 72 ans, il a toujours aimé ça, faire son cartable. Préparer son stylo, classer ses dossiers, de toute façon, l’école, déjà tout petit, il adorait. Le voilà parti, il remonte l’avenue, ouvre son cabinet, tout ça pour la dernière fois. Chère maîtresse, aujourd’hui est son dernier jour mais il part sans regret. « C’est la vie, m’a-t-il dit ». La vie, justement, est le mot qui a guidé la sienne. La vie, il l’a donnée des milliers de fois, y compris la mienne. La vie, il l’a aimée tant et tant que sauver celle des autres est devenu son combat. Car dans son cabinet, la vie, la mort, les bébés, les femmes âgées, malades, ou en pleine santé, tout ça, ça a toujours fusionné. Accompagner les femmes du premier au dernier souffle, voici la mission qu’il s’était donnée. Ecouter, suivre, conseiller, consoler. Son métier, sa passion, à la vie à la mort, samedi et dimanche compris. Et quelques fois justement, la mort, elle l’a fait pleurer. Parce que oui, les médecins, ça pleure aussi. Parce…

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Le poids des mots

Chère Maîtresse, Je vous prie d’ores et déjà d’excuser la note épouvantable de mon fils en dictée cet après-midi (oui oui, celle qu’il n’a pas encore faite). Je vous jure qu’il a révisé d’arrache-pied, mais il est épuisé et j’en prends l’entière responsabilité. Il faut dire que le pauvre enfant a eu un week-end chargé. On organisait sa fête d’anniversaire. Seulement voilà : il est loin, l’âge de la pêche à la ligne, maintenant on veut la soirée cinépyjama avec tous les copains. Comment, dites-vous ? Je les ai couchés trop tard ? Mais que nenni, à dix heures, ils étaient au lit ! Seulement… il y a eu la bataille de coussins (je trouvais ça étrange, tout ce bruit au-dessus de ma tête, mais bon, je n’ai rien dit…). Et puis il y a eu le concours de blagues (j’étais derrière la porte, non pas pour écouter mais pour surveiller. Ah, ils se sont bien marrés, croyez-moi, et moi aussi d’ailleurs !) L’heure tournait, mais bon… je n’ai toujours rien dit. Pourquoi, dites-vous ? Mais parce que c’est ça la vie, les amis, les sourires. Ah, chère maîtresse, je suis navrée, tout est parti à vau-l’eau et ils se…

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Lettre à mon fils

Mon enfant, Voilà onze ans que je suis née. Tu m’observais sans mot dire avec tes grands yeux sombres. Et moi, avec trois kilos deux dans les bras et dix kilos de trop dans le ventre, je savais que plus rien ne serait comme avant. Avant je n'étais qu'une femme frivole, avec ses talons trop hauts et ses robes trop plissées. Puis les robes se sont tachées, les talons se sont abaissés, les ongles se sont rongés, le mascara a coulé, eh oui, tu m'en as fait baver, mais tout ça, on s'en fout pas vrai? Pour moi, tu as ouvert ton plus joli dictionnaire et tu as éclairé des mots d'un sens nouveau. "Angoisse", comme quand tu convulsais et qu'avec ton papa, on restait pétrifiés; "responsabilité" de tenir soudain ta petite vie entre nos mains ; "passion", celle avec un grand P, qui peut te faire vibrer et souffrir à en crever ; « fierté » pour tout ce que tu fais, même un gribouillis sur une feuille de papier ; « amour », évidemment, mais maintenant au pluriel, pour toi, pour tes frères, ton père, mes parents… Mon fils, il y a onze ans que tu m'as donné…

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Les faux amis

Chère Maîtresse, Je crains que votre leçon d’hier n’ait été l’objet d’une déception intense… Dès le matin, mon fils se réjouissait : « Aujourd’hui, on va étudier les faux amis ! » Ma foi, il en faut peu pour être heureux « Les faux amis ? Entre le français et l’allemand ? » Il me regarde d’un air condescendant : « Mais qu’est-ce que tu racontes ! Les faux amis, quoi ! « Et d’ajouter d’un air entendu : « Enfin, je vais savoir…» 16h : je récupère devant l’école un bonhomme déconfit. « Et ta journée, c’était comment ? » « Nul ! On devait faire les faux amis, et on n’a fait que du vocabulaire ! » Et de soupirer : « Moi qui pensais enfin savoir si Nico était un copain… » Je ris sous cape. Moi, chère maîtresse, je vous remercie, oui du fond du cœur, merci de m’éviter de nouvelles entorses à la politesse toujours plus difficiles à rattraper. Car si le « s’il vous plaît » allemand fait rire dans les chaumières depuis de longues années, d’autres jolis mots savent se montrer plus sioux. Combien de fois mes enfants ont-ils parlé au parc d'une…

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