Chère maîtresse,
c’était il y a 9 ans. Il faisait beau cette nuit-là, et à 2h33, il a pointé son nez.
Vous ne le connaissez pas, mais vous allez le supporter toute l’année, c’est-à-dire l’aider, le soutenir, l’accompagner… Il en a eu de la chance, il n’a croisé sur sa route que des maîtresses exceptionnelles. Mais ne vous méprenez pas, je ne vous mets pas la pression, je sais que vous le ferez.
Il n’est pas parfait, vous verrez. Sa mère non plus d’ailleurs, mais je vous fais confiance pour le prendre comme il est. Parfois il vous amusera, beaucoup même, parce qu’il sait être fendard. Parfois il vous fera fondre. Il a l’art de se mettre ses maîtresses dans la poche d’un regard en chocolat par dessus une dictée un peu erronée.
Je ne vous cacherai pas qu’il n’a pas toujours bon caractère. Sa mère non plus d’ailleurs… Il paraît qu’elle est gentille mais parfois un peu hystérique. Méfiez-vous d’elle, elle a la plume facile.
Voilà. Je vous le confie. Lui qui me surprend depuis neuf ans, lui qui n’est jamais là où je l’attends. Lui qui m’épuise, me ravit, me rend fière, me rend dingue, me fait rire aux larmes, me fait sortir de mes gonds, lui qui ne vit rien à moitié. Prenez-le comme il est, il n’a pas une mère parfaite, le pauvre, il fait ce qu’il peut. Mais derrière son air parfois un peu ronchon, vous verrez qu’il est terriblement mignon. C’est dur pour une maman de confier son enfant. Surtout quand on sait qu’il est comme un volcan: explosif, fascinant, captivant, intimidant, inattendu. Mais je vous le confie, mon enfant-volcan. Nul doute qu’il apportera beaucoup de lumière dans votre classe.
Je vous souhaite un beau chemin sur la route de ses dix ans. Main dans la main.