Chère Maîtresse,
2e jour d’école à la maison, j’ai l’impression d’avoir fait ça toute ma vie. Et dire qu’un instant j’appréhendais. Le mardi, c’est dictée à tous les étages, à croire que les maîtresses se sont passées le mot. Mon fils était hilare: « Trop fastoche, j’suis ceinture noire! »
De fait il m’a mise KO… Cet enfant a la droite de Mohamed Ali, j’ai toujours su qu’il était très fort… On a eu beau écrire abeille vingt fois, elle est restée amputée du e. C’est toujours mieux pour elle que de l’aile… Et puis, sans e, c’est plus joli. Mon fils réinvente Perec, c’est un grand artiste. Au dixième coup néanmoins, j’en reste touchée coulée. L’abeille coule, c’est bien connu.
On passe à la dictée en allemand. « Parfait, je dis, c’est quoi le thème? » Les animaux. Bien. A croire que les allemands aiment compliquer les choses… Der Elefant et die Giraffe, c’est à perdre son latin! Je corrige en rouge, en note pour la maîtresse: « girafe prend un seul f, c’est tout de même la base… »
Je rigole moins devant le Warzenschwein… Au Scrabble, c’est mot compte triple, et si le W compte double, tu exploses le compteur. Si Perec avait été allemand, il aurait supprimé le W… Je trébuche en lisant Eichhörnchen, mon fils se moque, ma superbe en prend un sacré coup. Je claque le cahier… « Bon, et demain, c’est quoi? » Je frémis… Dictée de nombres. zehntausendzweihundertfünfundvierzig.
Ah oui… On va s’amuser…