Chère Maîtresse,
j’ai une immense faveur à vous demander… Voilà… Moi aussi j’enseigne, mais à des plus grands, et depuis quelque temps, comme vous vous en doutez, nous enseignons online. Seulement voilà… Mes enfants ont beaucoup de mal avec ce concept, surtout le mercredi… Si je suis dans ma chambre, je suis forcément disponible puisque je suis là. C’est logique comme deux et deux font quatre… J’ai eu beau expliquer, rester calme, montrer la caméra, rien n’y fait, je les entends toujours entrer, ramper, se disputer, exciter le chien, chanter à tue-tête ou jouer au foot dans les escaliers.
Comme une image vaut mieux que mille mots, il m’est venu une idée…
Demain, laissez-moi entrer dans votre classe. Je me ferai toute petite, je pousserai la porte et ramperai discrètement jusqu’à vous ventre à terre. Ni vue ni connue, comme mon aîné la semaine dernière qui avait une urgence de papier pour dessiner… Si je demande brusquement « Maîtresse, maîtresse, je ne trouve pas mon stylo » et si je viens vous agiter le bras, ne dites rien. Si je me mets à aboyer pour faire jouer le chien, restez impassible. Si je sanglote dans votre oreille que mon petit frère m’a tiré les cheveux, faites comme si de rien n’était… Et pire, si je zozote « Maman, tu peux m’essuyer les fesses », restez de marbre… The show must go on, coûte que coûte… Nul doute que les enfants nous regarderont d’un air étonné. Ils riront même franchement, j’en suis persuadée mais ne pourront s’empêcher de penser: « mais enfin, elle sait bien que nous sommes en classe, pourquoi est-ce qu’elle nous dérange comme ça? »
Mais je suis sûre que pour mon prochain cours, enfin, on me laissera en paix.
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