Chère Maîtresse,
Il paraît que Saint-Nicolas est passé aujourd’hui dans la classe. J’ai récupéré mon fils les yeux tout ébaubis : « Maman, Saint-Nicolas est passé avec plein de chocolats ! » Puis il a tourné vers moi un regard entendu : « Mais tu sais, il avait un bouton derrière la tête ! » Saint-Nicolas a des pustules ? J’en reste sur les rotules. Et lui de rajouter : « C’est pour tenir sa fausse barbe. Mais moi je sais bien que ce n’était pas le vrai. D’ailleurs, il ressemblait au maître des grands… » Et le voilà qui repart en gambadant comme si, après tout, tout cela était bien normal.
Ah, chère maîtresse, il n’y a rien que j’aime autant que les traditions… et les commentaires qui vont avec ! Il y a eu ce Père Noël à chaussures à talons verts, – comme celles de la maîtresse, et celui qui avait la voix du grand-oncle Robert, il y a eu Saint-Nicolas trahi par sa manucure rose et celui qui avait la montre de Grand-Papa, mais au final, chère maîtresse, il ne reste que le rêve pour écraser les évidences, parce que oui, c’est plus joli comme ça.
J’ai rangé ce soir le verre de lait que mon plus petit avait laissé cette nuit pour le saint homme. Son grand frère en avait bu la moitié en douce, pour faire comme si. Parce que dans le rêve des plus petits se reflète encore le cœur d’enfant des grands.
Chère maîtresse, merci de faire vivre ces traditions, cher maître des grands, merci d’avoir porté barbe et tiare aujourd’hui, car même si on vous a un peu reconnu, on a juré ne pas vous avoir vu !