Les grandes feuilles de canson

Chère maîtresse,

La jeunesse me stupéfie. Je ne parle pas de la mienne, naturellement éclatante, mais bien de mes enfants. Mon fils rentre hier soir : « Maman, je dois faire un exposé de géographie avec deux copains. » « Génial, dis-je, j’ai encore quelques grandes feuilles pour préparer vos panneaux. » Il m’observe d’un air navré et soupire.

De mon temps, pour un exposé, je descendais acheter à la papeterie des grandes feuilles de canson. Puis nous passions des heures à écrire le titre au feutre ou au pastel, sans déborder, sur des lignes préalablement tracées. Enfin, comble de la technologie, nous imprimions quelques images et quelques textes, les découpions et les collions. L’exposé trônerait ainsi sur les murs de la classe jusqu’à l’été. On se retrouvait avec ma copine le mercredi après-midi pour préparer tout ça.

Ah… [soupir]. Ni une ni deux, mon fils allume l’ordi. Il crée un power point, un lien de partage et le balance à ses copains par la magie du Saint-Esprit. Hurlement de joie : « Maman, c’est tellement drôle, je les vois écrire en même temps que moi, on dirait des fantômes dans ma présentation… » J’en reste comme deux ronds de flan. Il m’achève : « Regarde, maintenant, je fais un quiz sur Kahoot, comme ça ceux de la classe peuvent le faire depuis leur téléphone. »

Ah chère maîtresse, je viens de prendre 1000 ans. Je suis un dinosaure, certes à la jeunesse éclatante, mais ces enfants nous donneront des cheveux blancs. « Maman, je peux avoir l’Ipad pour faire les maths sur le padlet. » Je jette un œil hagard à mon fils de CP… L’autre jour, chez Nature & Découvertes, ils vendaient de la colle Cléopâtre dans le rayon VINTAGE. J’en ai acheté un pot. Ca n’aidera pas à coller les feuilles de l’exposé, mais à recoller mes souvenirs, oui.

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