Chère Maîtresse,école à la maison – le retour, jour 1.

Chère Maîtresse, école à la maison - le retour, jour 1.  Ici à Munich, les écoles viennent de refermer. Heureusement que cela ne dure que trois jours. Toute la nuit, j'en ai eu les mains moites. J'ai rêvé que j'étais coincée entre les pages d'un cahier de grammaire, mon futur n'était plus qu'un conditionnel et mon présent était très imparfait. A 7h30, je me suis réveillée en sursaut, mon fils était hilare à sa table de travail, ses cahiers grand ouverts devant lui. "Maman, on fait école à la maison, c'est trop chouette, hein?" J'ai opiné en silence en croisant les doigts dans mon dos. A 7h52, il en avait assez. Il a rangé d'un air plus-que-parfait son cahier de conjugaison pour le moins imparfait, pour saisir celui de maths, transformant au passage mes rêves de boulot en un passé simple bien vite oublié. La sueur a perlé sur mon front. Ma journée devenait aussi complexe qu'une équation à deux inconnues, mon fils était le y et moi j'étais le x, nous nous courions après sans jamais nous trouver.  A 8h10, j'ai déclaré forfait et suis retournée me coucher... A 8h12, son petit frère a déboulé les bras chargés de feutres:…

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Chère maîtresse, aujourd’hui en Allemagne, pour les PS, c’était enfin la rentrée.

Chère maîtresse, aujourd'hui en Allemagne, pour les PS, c'était enfin la rentrée... A-t-on déjà vu une rentrée le 1er juillet? Il fallait être Stephen King pour l'inventer! Je vous ai bien vue, tout sourire, un peu perdue, à ne pas savoir si vous deviez dire bonjour, au revoir ou bonnes vacances. Les enfants étaient hagards: "Et du coup, là, je passe en MS?" 'Non mon chéri, tu es toujours chez les petits" "Mais pourquoi? J'ai grandi!" Quant à vous, ne mentez pas, ça se voyait que vous n'aviez pas fermé l'oeil, vos cernes étaient tellement grandes que les enfants ont marché dessus et nous vous ont même pas reconnue. Il faut dire que, cachée comme vous l'étiez sous votre masque noir, ils vous ont tous appelée "Madame'", le mien vous a même dit "Bonjour Batman". Après plus de 3 mois, que voulez-vous... Bref, chère maîtresse, aujourd'hui c'était la rentrée, et demain nous organiserons une petite fête de fin d'année... Incroyable comme le temps file! Bienvenue chez les Shadoks! En sortant, mon fils s'est jeté dans mes bras: "Maman, c'était génial cette rentrée, et tu sais quoi, c'est bientôt les vacances! " Oui, mon chéri, sauf que cette année, on va…

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JOUR 87 Chère Maîtresse, vous m’avez tant manqué, cela fait si longtemps que je ne vous ai écrit, je n’en peux plus.

JOUR 87 Chère Maîtresse, vous m'avez tant manqué, cela fait si longtemps que je ne vous ai écrit, je n'en peux plus. Ca y est, les enfants sont plus ou moins rentrés... Je veux dire qu'ils sont sortis (de la maison), pour rentrer (à l'école)... J'ai dû leur remontrer le chemin sur Google maps, ils avaient oublié. Comme c'est au bout de la rue, c'est vrai que c'était compliqué. Alors voilà... Il y avait de l'angoisse, de l'excitation, 4 pipis au lit et 3 cauchemars. La veille, je chantais sous la douche un mix entre "I am free" de Stevie Wonders et "Ne me quitte pas" de Brel... J'avais la banane et le moral dans les chaussettes. J'ai préparé les Bento box en souriant et repassé les masques en pleurant. J'avais la banane dans les chaussettes... Et puis ils sont partis. Ma table de travail m'attendait, solitaire. Ni grammaire, ni fraction, c'était d'un triste, j'en aurais bien accepté un peu par effraction... J'ai bossé sans être dérangée, c'était calme, si calme, c'était bon aussi. A 15h50, je piaffais devant la porte de l'école. Ils sont sortis, hilares, masqués, joyeux, et les bonnes habitudes ont repris. Le petit qui pleure car…

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JOUR 51

JOUR 51 Chère Maîtresse, Ce matin, je reçois ce petit message affolé de mon fils en pleine vidéo-classe, alors que j’étais moi-même en call avec un client : « Mon iPad n’a plus de batrie [sic], je peux en avoir un autre ? » Ah, maîtresse, il est grand temps d’expliquer la vie à nos chers petits… Si la voiture n’a plus d’essence, on ne la change pas pour autant, non ? Eh bien, pareil pour la tablette… Mon enfant, tu vois le petit fil, là ? Tu le prends et tu le branches. Et puis, le dictionnaire est sur ton bureau. Tu pourras recopier dix fois le mot « batterie », instrument dont tu joues et qui t’a semble-t-il tapé sur la tête… Alors voilà, au début, j’ai un peu ri quand même. Il y a quelques semaines, j’aurais trouvé ce message saugrenu… Mais beaucoup de virus ont passé sous les ponts, et d’un coup, je me suis sentie comme un dinosaure… De mon temps, j’avais une trousse, une jolie trousse ronde bien garnie d’où débordaient des crayons de toutes sortes, des stylos 4 couleurs, une gomme rose et bleue... Chaque matin, je l’installais sur mon bureau en bois,…

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JOUR 40

JOUR 40 Chère Maîtresse, Aujourd’hui, j’ai vécu un rêve. C’était si doux… Et je m’endors ce soir des étoiles plein les yeux. C’est pour cela que je vous écris, c’est important : dites bien aux enfants que cela arrive vraiment, que les Cendrillons se transforment en princesses, que oui, il suffit d’en rêver pour le devenir ! Et cela marche aussi pour les petits princes. Alors voilà… Ce matin, je me suis levée tout excitée : c’était enfin le grand jour. Trois semaines que je l’attendais et que je devais sans cesse passer mon tour : ma première angine, celle de mon fils, ma seconde angine.. Je voyais à chaque fois mon mari sortir ravi et revenir détendu. Mais ce matin, tout allait bien : les petits oiseaux m’ont réveillée, j’ai sauté de mon lit, chanté devant mon placard, j’ai sorti ma tenue de lumière, un peu poussiéreuse mais si merveilleuse, et chaussé mes pantoufles de vair. A talon bien sûr, hauts, très hauts, il fallait fêter ça ! Ah maîtresse, quelle joie, aujourd’hui, je sortais ! J’ai quitté ma tenue ménagère, délaissé mon boulot, oublié les lessives, me suis coiffée, maquillée, j’ai même verni mes ongles. De nos jours,…

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JOUR 39

JOUR 39 Chère Maîtresse, Je crains fort que l’on nous ait menti… Dès le début de confinement, les gens criaient de tous côtés qu’enfin, enfin, nous allions lire ! Et moi de me réjouir de cette si belle opportunité… Six semaines ont passé, et mon bilan semble bien maigre… En raclant bien les fonds de tiroirs, je ne trouve guère plus que 2 Elle, 1 Paris Match, et tout de même un roman de 200 pages… Pour me donner bonne figure, j’ajoute bien volontiers 350 lectures du Gruffelo, 235 de Timoté fait du ski, et une douzaine d’Au lit les affreux. Voilà…Ce bilan chétif m’a de fait questionnée… Après avoir tourné et retourné la question dans tous les sens, j’ai trouvé la solution… Mais pour vous aider à passer le temps, je vous la laisserai deviner. Chère Maîtresse, une mère de 3 enfants effectue 2 lave-vaisselle par jour. Il faut 10 minutes pour le charger, et 10 minutes pour le vider. A cela s’ajoute pas moins de 7 lessives par semaine, 10 minutes à charger, 30 minutes à étendre, détendre, vider, plier, ranger…J’ajoute volontiers 3 repas par jour (10 minutes pour mettre le couvert, 15 pour ranger), dont deux qui…

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Jour 38

Chère Maîtresse, hier, j’en ai eu gros sur la patate. Laissez-moi vous raconter par le menu. J’aurais mérité de gagner TOP CHEF tant j’avais mitonné un bon programme à mes chers petits. Il faut dire qu’on avait du pain sur la planche. A 9h, tout le monde était prêt en rang d’oignons, et nous voici au coloriage en PS, à tracer sur une feuille des arcs-en-ciel. 9h30 : chorale. Je m’époumone « savez-vous planter les choux », je tape des mains, frappe des pieds, mais la mayonnaise ne prend pas. Mon adorable enfant me regarde avec des yeux comme deux ronds de flan : « Maman, c’est quand qu’on va à l’école ? » 10h : véritable MacGyver du confinement, je transforme une boîte d’œufs en exercice de maths : « prends une carte avec un chiffre, et mets autant de billes dans la boîte que sur la carte ». On fait et on refait, le compte n’est jamais bon, cela commence à nous prendre le chou (qu’on ne sait toujours pas planter) et on dit à l’exercice d’aller se faire cuire un œuf... 11h : c’est la récré, tout le monde hurle et se dispute. La moutarde me monte…

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Jour 32

Chère Maîtresse, Aujourd’hui, nous avons rattrapé notre retard en grammaire et nous sommes penchés sur le PASSIF. Mais voyez-vous, je n’avais jamais réalisé à quel point le passif est ESSENTIEL à la vie d’un enfant ! Je ne cesse d’avoir des révélations face à vos cours de grammaire. Voici un exemple probant : l’autre nuit, mon plus petit débarque à 3 heures du matin avec cette jolie phrase : « Maman, mon lit est tout mouillé ! » Formule merveilleuse, n’est-ce pas, qui a surtout le mérite de le dédouaner de toute responsabilité ! Oseriez-vous accuser mon fils de faire pipi au lit, lui qui vous regarde de son air de chat, les joues baignées de larmes, en essorant son pyjama ! Bien sûr que non, c’est la magie du passif ! Au passif, « le sujet subit l’action ». Chez nous, les enfants sont des oies blanches, et les lits se mouillent tout seuls. Même prodige dans la cuisine : voici que les placards sont accusés de tous les maux : « Maman, le chocolat a été fini ! » [Penses-tu, mon chéri, tu en as pris 5 carrés hier, et tes frères au moins autant!] Du fond de…

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Jour 31

Chère Maîtresse, Ce matin, mon fils évoque une certaine « Iphygiénique ». N’est-ce pas extraordinaire ? Je ne peux que m’ébahir de la culture acquise cette année par mes enfants auprès de vous, et j’ai d’abord envie de vous dire bravo, parce qu’à 8 ans, connaître "Iphigénie", Racine et le théâtre du XVIIe siècle, cela me laisse sans voix… J’entends d’ici les applaudissements confinés de nos chers académiciens. Mais surtout, ne faut-il pas voir dans cette déformation d’Iphigénie, couplée à « hygiénique », une étonnante sagacité ? Les enfants ont toujours eu cette espèce de 6e sens que les adultes ont perdu, une sorte de naïveté primitive et candide qui leur permet de voir plus loin. Mon fils savait-il à l’avance que l’enjeu le plus crucial de ce début d’année 2020 serait le papier hygiénique ? Car oui, l’hygiène est bien le nerf de la guerre. Je me rengorge donc, je glousse, je lui caresse la tête. Je lui demande : « Mais comme c’est bien mon chéri, où as-tu entendu parler d’Iphigénie ? ». Réponse blasée : « Ben à l’école ». Ah, chère maîtresse, j’ai toujours su que vous étiez exceptionnelle, au moins autant que mon fils. «…

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Jour 30

Chère Maîtresse, Hier, quand nous avons eu l’annonce que l’école n’allait pas rouvrir tout de suite toute de suite, une fois le choc passé, mon fils m’a dit avec une grande maturité. « Tu sais, je ne suis pas triste. Les copains me manquent, mais quand on fait l’école à la maison, y a plus de cours le matin, et c’est vraiment mieux. » Ah maîtresse, vous imaginez ma joie ! Ce moment de reconnaissance suprême où mon fils me dit que je suis mieux que vous ! Sans vouloir vous offenser, il faut bien reconnaître que cela fait plaisir. Parce que pour vous, tout est facile et évident, bien sûr, vous connaissez toutes les ficelles du métier, mais pour nous, pauvres parents, quel désarroi ! Je l’ai toujours su, les enfants ne sont pas ingrats, ils savent se rendre compte des efforts fournis et de la qualité du travail accompli ! Je me rengorge, je cache mon sourire, je décide de creuser, de repasser un petit coup de pommade : « Ah oui, les cours sont plus longs ? Tu veux dire que tu aimes bien quand on travaille ensemble, toi et moi ? » Il en lâche le…

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Jour 29

Chère Maîtresse, Aujourd’hui c’est férié, mais il m’est arrivé quelque chose de si extraordinaire que j’avais envie de vous le raconter. Aujourd’hui j’ai bossé ! Oui, oui, en vrai, plusieurs heures d’affilée, sans être interrompue, et je me suis sentie… comment dire… en vacances ! C’était une sensation étrange que j’avais presque oubliée. Attention, ne vous méprenez pas, je ne dis pas qu’être maîtresse pendant les dernières semaines n’était pas un travail, bien sûr que si, surtout quand j’imagine que vous, vous en avez 25 ! Vous êtes ma déesse ! Mais là, je parle bien de mon vrai travail ! J’avais même oublié que j’en avais un, j’ai dû relire ma job description avant de m’y remettre… Le jour était bloqué depuis des semaines dans mon agenda. Forcément, un jour férié, mon mari serait rentré ! Vous comprenez, ces dernières semaines, il a été en déplacement tout le temps. Il ne cessait de voyager entre la cave et le frigo, impossible de le déranger. « Tu comprends chérie, la cave, c’est quand même plus calme pour les appels importants. » Et pendant ce temps-là, moi, je n’ai fait que jouer : à la maîtresse, à la cantinière, à l’infirmière,…

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JOUR 26

Chère Maîtresse, Le soleil brille haut, les petits oiseaux chantent dans le ciel, les nuages nous saluent, c’est le printemps ! Ah, si seulement nous pouvions tous sortir et cesser de jouer au base-ball sur le canapé. Car oui, je vous le dis sans ambages, mon logis est un taudis… Ah, maîtresse, maîtresse, vous l’aurez compris, nos maisons ne se remettront pas de ce virus maudit. Imaginez trois adorables lions enfermés dans une cage, dorée, certes, mais une cage quand même. Les meubles renversés en une seule journée, les jouets éparpillés, je ne cesse de ranger... Et vive le balai... O rage, ô désespoir, ô confinement ennemi, N’ai-je donc tant vécu que pour ce grand taudis ? Et ne suis-je blanchie dans les tâches ménagères Que pour voir, en un jour, tout couvert de poussière ? Mon bras qu’avec respect toute la famille admire, Mon bras qui tant de fois a sauvé le tapis, Tant de fois astiqué les chaises et le buffet Ne sait donc plus que faire et ne peut me sauver ? O cruel souvenir de mon ordre passé, Œuvre de tant de jours en une heure effacée... Jouets, peluches, voitures, vous aurez-donc ma perte ? Maîtresse,…

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Jour 19

Chère Maîtresse,C’est officiel, les enfants sont en vacances, de bien étranges « vacances ». Voilà déjà 3 semaines que nous, les parents, avons repris tant bien que mal le flambeau de l’enseignement. Il y a eu des larmes et des erreurs, de la joie, de l’ennui, des vagues d’angoisse aussi. Ce dont je suis sûre, maîtresse, c’est que vous pouvez être franchement fière de nous. Parce que quand même, on y est arrivé, pas vrai ? Et tant pis si ce n’est pas parfait. Et il y a une autre chose dont je suis sûre aussi. Si les parents peuvent un temps remplacer l’école, l’école, elle, ne pourra jamais être remplacée. Jamais. Car rien ne vaut un secret échangé à la récré, un mot que l’on passe sous les bureaux en murmurant « fais passer », un chat perché exalté, des fous rires dans les escaliers. Rien n’égale un œil jeté sur la copie du voisin, une dispute pour un rien, quitte à se bastonner un peu et ensuite rigoler. Rien n’a plus de saveur que les copains, les vrais, ceux qu’on serre et qu’on pousse, ceux dont on se souviendra encore dans vingt ans en riant. Chère maîtresse, les…

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Jour 33

Chère Maîtresse, Eh bien voilà, c’est bientôt la rentrée… Je suis bien sûr en extase à l’idée de reprendre ma mission d’enseignante, j’apprends tellement auprès de mes enfants. Néanmoins, j’ai une petite faveur à vous demander. Voilà, cela me gêne un peu, d’autant qu’on vous a peut-être dit que j’adorais chanter. Mais par pitié, épargnez-nous, ne donnez plus de chansons à apprendre. Ce programme de PS me stresse, vous n'imaginez pas ! La première semaine, nous avons chanté en boucle « Une poule sur un mur ». Nous avons picoré du pain dur toute la semaine, en lavant le linge, en passant la serpi, en prenant le bain, et même en dormant. La 2e semaine, nous avons travaillé le « rock’n’roll des gallinacés » (un mot bien inutile au demeurant). On a eu du « cot cot cot codet » à toutes les sauces, mon fils ne retenant que cette phrase, une fois, deux fois, mille fois, et je me suis surprise à la chantonner en rythme en bossant lundi, toute seule derrière mon ordi…Et mon aîné aussi, quand il faisait pipi... Et la dernière semaine, « pomme de reinette » m’a mis sur le tapis. Alors bien sûr, je…

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