Mes voisins les Boudhistes

Chère maîtresse, Mes voisins sont des moines bouddhistes. Si si, je vous assure, en pleine ville, ça peut paraître étrange, mais des vrais moines en robe orange qui ne parlent pas un mot de notre langue. Dans un temple. Avec une magnifique statue de Bouddha géante dans leur jardin. Pour une mère de famille, c’est une bénédiction. Au printemps, par la fenêtre ouverte, je les entends prier. Et je me félicite chaque jour de les faire grandir en sainteté. C’est un travail exténuant, mais ces moines ne pouvaient rêver meilleurs voisins que nous. Pour pratiquer la résilience, vous comprenez. Quand ils entendent mes enfants hurler et se disputer, ils apprennent à se détacher de la contingence et de la réalité. Quand ils reçoivent, pour la trentième fois de la journée, un ballon de foot dans le nez, ils se contentent de le renvoyer par-dessus le mur. Sans un mot. Quand mon fils joue au basket dans la cour dès potron-minet, ils se mettent en position du lotus. Zen un jour, zen toujours. Chère maîtresse, on ne parlera jamais assez de l’art de bien choisir ses voisins. Il y a quelques années, lorsque j’hébergeais notre garde partagée, je m’excusais souvent auprès…

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Les légumes biscornus

Chère maîtresse, Je me suis abonnée il y a peu à une bio box étonnante. Les légumes y ont une forme étrange : trop petits, trop joufflus, trop gros, de vrais petits ovnis. Ce sont des « pas beaux », c’est écrit sur l’étiquette. Cela veut dire en fait « pas dans la norme ». Personne n’en veut, les supermarchés les rejettent, il faut les inscrire dans des circuits parallèles. Pourtant, une fois ces pauvres petits cuisinés, ils ont bien le même goût que leurs congénères. Ah, chère maîtresse, ces légumes me font bien de la peine ! Est-ce donc un si grand crime d’être biscornu ? Ainsi donc une carotte n’a pas le droit d’être atypique ? Chère maîtresse, cette box est comme une classe, elle déborde d’êtres différents et pourtant si touchants. Ici, un artichaut au grand cœur, généreux comme tout. C’est vrai qu’en société, il a beaucoup de mal à s’intégrer, et pourtant, humainement, il vaut tellement le coup. Là, une patate douce trop agitée. Elle ne tient pas sur sa chaise, elle a du mal à se concentrer. Et ce kiwi un peu trop petit, complètement renfermé sur lui-même. Sa dyslexie le ronge, tout le monde…

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Une tirelire-lama vert

Chère maîtresse, Ainsi donc, je l’ai reçu la semaine dernière, ce fameux cadeau. Vous vous souvenez, celui qu’il a acheté en y mettant tous ses sous. Je ne pensais pas qu’il attendrait un mois, mais il l’a fait. Mon fils est comme le Vésuve : imprévisible et débordant (de joie, de colère, mais surtout de générosité). Il m’a donc offert une tirelire verte en forme de lama pour mon anniversaire. Avec toutes ses économies. Il ne lui est rien resté. Même dans mes rêves les plus fous, je n’y aurais songé. Il eût fallu en soupçonner l'existence. Une tirelire-lama vert. Le plus exotique de mes cadeaux. Incongru. Délicieux. Touchant. « Ça te plaît, hein, maman ! Comme ça tu pourras mettre l’argent de ton travail dedans… » On n’est pas sérieux quand on a dix ans. Ce matin, mon lama me darde d’un regard fier. Il m’encourage à travailler. Il va falloir le remplir tout de même. Mes clients ne me réglant pas en pièces de un euro, je cherche un joli projet pour ce lama. Une cagnotte à la hauteur de sa générosité. En attendant, il finira sûrement dans un roman. Un lama vert en guise de tirelire… Dans…

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Astronaute ou dessinateur de manga

Chère maîtresse, Choisir un métier est bien difficile quand on est un enfant. Mon cadet hésite depuis un an entre astronaute ou dessinateur de manga. Le choix est cornélien. « Dans tous les cas, fais-je remarquer, il va falloir bien travailler à l’école.» Son petit frère, 6 ans, celui qui a un poil dans la main si grand qu’il peut s’en servir de canne pour marcher, l’observe en soupirant : « Moi j’aime pas l’école. Je voudrais plutôt travailler. D’ailleurs, comme je sais déjà jouer au foot, je ne vois pas pourquoi je ne peux pas travailler et être joueur de foot. » Je ris sous cape. « Mon pauvre chéri, tu es né trop tard dans un monde trop injuste. Si tu étais né « à l’époque » (selon ses termes, comprenez il y a 150 ans), tu serais déjà au boulot. » Ses yeux s’écarquillent de regret : « Vraiment ? Et je n’irais pas à l’école ? » « Certainement pas, réponds-je, mais tu n’avais pas le choix, tu faisais le même métier que tes parents. » Il se tait, songeur. Il répète pour bien comprendre : « Je faisais le même métier que mes parents ?…

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Un lapin à paillettes roses

Chère Maîtresse, Hier, il a travaillé d’arrache-pied. Non pas pour sa dictée, mais pour gagner trois sous. « Tu sais, m’a-t-il dit d’un air entendu, j’ai besoin d’argent pour… rien. » Mon fils est un panier percé. Les rares pièces qu’il possède lui brûlent sans doute les doigts. Le voilà au boulot, à briquer ma voiture épouvantable de crasse, intérieur, extérieur, un pschitt par-ci, un coup d’aspi par-là, à trier l’Himalaya de chaussettes orphelines qui attendaient leur heure sagement. Ce soir, à la sortie de l’école, je savais qu’il demanderait à nous accompagner, son frère et moi, chez l’orthophoniste… Dans le même immeuble, un magasin de jouets. Nous partons. Je l’observe, la poche remplie de ses trois sous, le sourire satisfait. Seulement voilà. Une fois le petit frère déposé, il me montre du doigt un magasin de petite déco, une caverne d’Ali Baba où j’adore déambuler. Il furète, regarde tous les prix sans rien dire, la vie des grands coûte décidément cher. Soudain, ses yeux s’écarquillent. « J’ai trouvé », jubile-t-il. Il me somme de détourner les yeux, pose son trésor sur la caisse, et emporte contre son cœur un paquet de papier blanc qu’il tient comme un trésor. On…

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JOYEUX ANNIVERSAIRE, chère maîtresse !

Trois ans que vous me supportez ! Trois ans que nous cheminons main dans la main… Et que je vous ai envoyé la bagatelle de 96 lettres… Chère maîtresse, notre idylle a commencé le 16 mars 2020 quand nos écoles ont fermé. Le COVID ne nous a pas tuées, il nous a inspirées. J’attendais depuis tant de mois la parution de mon premier roman édité. Le couperet est tombé. Les librairies fermaient, le roman était décalé. Bien sûr, c’était sans gravité mais la pilule avait du mal à passer. J’ai fait le pari de vous écrire chaque jour de fermeture de l’école, et tant que cela durerait. Chère maîtresse, il y a eu des moments terribles, je ne vous le cacherai pas. Il y a eu des larmes, de la colère, des enfants, des parents, des angoisses que, j’espère, mes fils oublieront. Pour ne garder que cette compilation-là. Humoristique, peut-être peu réaliste, mais c’est comme cela que l’on construit les plus beaux des souvenirs. Toutes mes chroniques sont désormais disponibles sur mon beau site internet refait à neuf par un mari patient, patient, si patient que s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. L’intégral, c’est par ici ! https://aurelie-tramier.fr/category/chere-maitresse/ #aurelietramier#cheremaitresse#lintegrale#chroniquedunemamanconfinee#parentalite#confinement#ecolealamaison#education#ecoleprimaire

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Elle s’appelait Agnès

Chère Maîtresse, Je n’aime pas parler d’actualité. Et comme j’habite à l’étranger, je la suis généralement assez peu. Mais voilà, chère maîtresse, depuis quelques années, votre métier semble de plus en plus difficile… Eprouvant… Dangereux. Elle s’appelait Agnès. Cela veut dire « sacré ». Comme l’agneau sacrifié. Il y avait un temps où le professeur avait encore cette aura. On les respectait. On ne les frappait pas, on ne les tuait pas, on ne les laissait pas le matin vivre dans la terreur. Il y a eu ce geste terrible. Loin d’être le premier. Et je n’ose dire le dernier. Chère maîtresse, cela fait mal pour vous. Pour tous ceux qui, comme vous, ont choisi de transmettre, d’enseigner, de donner. Et puis, derrière l’horreur, il y eut la beauté. Ultime. Jamais un enterrement n’aura eu tant de grâce ni de sincérité. Un homme seul, abandonné devant un cercueil. Chère maîtresse, il y a des personnes comme des étoiles. Qui au fond de l’obscurité trouvent encore la force de briller. Danser avec un souvenir… Et entraîner dans sa valse des couples aux yeux bien rouges. Danser comme un pied de nez. Être celui qui souffre et irradier quand même. Danser seul.…

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La maman sérieuse

Chère maîtresse, Aujourd’hui c’est carnaval ! J’adore déguster le défilé des enfants tout excités à l’idée de cette journée. Passés les multiples princesses, Spiderman et Star Wars (dont mon fils fait partie, ciel, faut-il l’avouer, avec un peu de chance, vous ne l’auriez pas reconnu…), il y en a toujours qui font preuve d’une immense créativité. Ce matin, j’ai croisé une banane, un lampadaire (idée lumineuse !), une machine à pop corn, une fraise et une sirène. Ça tombe bien, aujourd’hui, il paraît qu’ils ont piscine. Il y a les enfants aux déguisements 100% faits maison, ceux qui ont Christian Dior chez eux, ceux qui ont bricolé des choses avec des cartons, ceux qui ont des costumes un peu ratés mais tout le monde a fait de son mieux. Mais laissez-moi vous conter ma mésaventure : ce matin, j’étais fatiguée et j’ai chaussé mes lunettes dès le petit déjeuner, ce qui n’arrive jamais. Devant l’école, un papa me salue: « Ah, toi aussi, tu t’es déguisée ? » Ah chère maîtresse ! Imaginez mon désarroi. Moi, déguisée ? A cause de mes lunettes ? Mais en quoi ? Je retourne la question depuis 8h30 et il n’y a guère qu’une…

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Passé pas si simple

Chère maîtresse, Ne croyez rien de ce qu’a dit mon fils, je suis bien présente et je n’ai jamais été aussi en forme, si je compte sans mes cheveux que j’ai arrachés ce week-end pendant la révision de la conjugaison. Le passé (pas si) simple. Vous me faites un sale coup. Pourquoi les Français sont-ils les seuls à dissocier ce passé exotique de l’imparfait ? Non mais parfois on se pose des questions. Il faut dire que tout avait mal commencé. « Conjugue-moi le verbe aimer ». « J’aima, tu aimas, il aimât, ils aimarent… » (un peu comme dans ils enonmarrent sans doute). J’adopte la position du lotus et je respire profondément. « Bien, passons à la suite ». Ah, chère maîtresse, votre exercice était d’une cruelle difficulté. « Lis le texte et souligne les verbes au passé simple ou à l’imparfait ». Trop fastoche, dit-il… Moi, perso, j’ai les pétoches. « Pour t’aider, je te fais bip quand il y a un verbe que tu oublies. » Il me regarde d’un air hautain. « Il était une fois / bip / une bande de pirates qui vivaient / bip/ sur une île. Un jour, les pirates creusèrent /…

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#18 – Peindre la pluie en couleurs

Vous avez été des milliers à découvrir Eliott, Morgane et Léa… Et Snoopy, évidemment ! Offrez une pluie de couleurs sous votre sapin de Noël, car leur aventure extraordinaire n’est pas près de s’arrêter ! Il y a des pluies pour tous les goûts : en grand format, en poche, en numérique, en grands caractères chez A vue d’œil et même en anglais pour nos très chers amis d’outre-manche. Vous connaissez Morgane ? Une directrice de crèche qui déteste les enfants. Elle se retrouve du jour au lendemain tutrice de son neveu de 10 ans et de sa nièce de 6 ans. Les voix de Morgane et d’Eliott se croisent pour révéler le plus terrible des secrets mais le plus fort des amours. Celui d’une femme pour un enfant. Je salue au passage tous les lecteurs qui m’ont suivie dans cette histoire incroyable, mais aussi mes très chères maisons d’édition qui ont fait un travail remarquable Et une bise particulière à tous les libraires qui n'ont pas craint de soutenir une petite nouvelle ! Peindre la pluie en couleurs, Aurélie Tramier, Le livre de poche, 8,20€ ; Marabout, 19,9€ ; A vue d’œil, 25€ ; Hodder & Stoughton, 13,75€

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#16 – Betty

Alerte coup de cœur absolu ! Cette année, j’ai ENFIN craqué pour ce roman que je lorgnais depuis bien longtemps. C’est vrai que le poche est un peu cher car c’est un pavé, mais il vaut franchement le coup. Betty Carpenter est fille d’un cherokee et d’une femme blanche qui sont rejetés par la société. Sixième de huit enfants, elle est celle qui ressemble le plus à une indienne, la préférée de son père, la moquée des enfants du village. Elle grandit dans la misère, mais bercée par l’incroyable poésie de son père qui résiste contre tout. Un home admirable, lumineux, un personnage extraordinaire même dans les jours les plus noirs, et ça, il y en a. Beaucoup. Et pour y résister, Betty écrit. Un chef-d'œuvre. Betty, Tiffany McDaniel, Totem, 13€

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#15 – L’ambition du bonheur

Moi qui vis en Allemagne, j’ai fondu pour ce roman qui traverse le siècle dans une ville que j’aime énormément, Berlin. Ne vous laissez pas arrêter par ce titre un peu gnangnan, ce roman est difficile à lâcher et est vraiment idéal pour lire sans stress au coin du feu. Berlin, 1919 : la jeune Anna, issue d’une famille très pauvre, se fait embaucher comme vendeuse au prestigieux KaDeWe. De son côté, Charlotte, fille d’un riche propriétaire terrien, est introduite dans la bonne société de Leipzig par sa tante et le mari de celle-ci, qui est juif. Leurs destinées se croisent dans une Allemagne qui s’enfonce dans la crise, la misère, la haine, la guerre. Elles se retrouvent exsangues dans un Berlin d’après-guerre, unies dans une même famille et une même douleur. L’ambition du bonheur, Katharina Fuchs, JC Lattès, 21,9€

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#14 – L’embuscade

On continue avec l’une des grosses claques de cette année, découverte grâce aux recommandations de la Griffe Noire ! L’Embuscade… Un livre qu’on ne pose pas et auquel on pense longtemps, une fois refermé. Je l’avais fini en me couchant, j’y ai pensé toute la nuit. Clémence, 3 garçons, enceinte du 4e, est femme de militaire. Cédric est quelque part au Moyen-Orient. Un matin, on vient lui annoncer qu’il est tombé au combat. Clémence ne dit rien à ses enfants. Le corps n’a pas été retrouvé. Pas de corps, pas de mort. Clémence se lance dans une enquête folle. Un livre trépidant, frissonnant, très bien documenté, bouleversant. L’embuscade, Emilie Guillaumin, HarperCollins Poche, 7,5€

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#13 – Cabot Caboche

Une BD pour continuer, mais pas n’importe laquelle s’il vous plaît ! Inspiré de Daniel Pennac et d’après son roman jeunesse éponyme, ce joli ouvrage saura séduire dès 9 ans. Amoureux des bêtes, voici une histoire pour vous. « Chien » est trop laid pour se faire adopter, jusqu’à ce qu’une petite fille un peu méchante le choisisse au mépris des cris de ses parents. Il faut reconnaître que l’enfant est plutôt coriace et que les parents détestent ce cabot épouvantable au point de... Mais Chien a un cœur gros comme ça. Et aucune petite fille, même insupportable, ne lui résistera. Merci à la Librairie Française de Munich pour cette découverte @@librairie_munich Cabot caboche, Grégory Panaccione, d’après Daniel Pennac, Delcourt, 19,9€

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#12 – One Piece

Jour spécial car c'est la Saint Corentin, un prénom très cher à mon cœur. Pour l'occasion, c'est mon fils (mon 2nd), cloué à la maison par une fièvre terrible, qui vous a fait la chronique sur l'un de ses coups de foudre de l'année, son premier manga, ONE PIECE! "Monky D. Luffy" est un petit garçon qui devient pirate. Malheureusement, dans un restaurant où se trouvent également des pirates, il mange le fruit du diable qui le rend... élastique ! Il ne peut plus nager ! Pour un pirate, c'est embêtant. Et cela risque bien de changer sa vie." Offrez-en un, deux ou trois exemplaires, mais surtout pas à votre enfant, il y en a plus de 100 tomes Idéal dès 9 ans, les enfants qui n'aiment pas trop lire, ceux qui veulent découvrir un nouveau style ou encore ceux qui s'initient à une nouvelle langue. C'est le livre qui a fait lire mon fils en allemand. One Piece, Eiichiro Oda, Glénat Manga, 6,9€

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