Une tirelire-lama vert

Chère maîtresse, Ainsi donc, je l’ai reçu la semaine dernière, ce fameux cadeau. Vous vous souvenez, celui qu’il a acheté en y mettant tous ses sous. Je ne pensais pas qu’il attendrait un mois, mais il l’a fait. Mon fils est comme le Vésuve : imprévisible et débordant (de joie, de colère, mais surtout de générosité). Il m’a donc offert une tirelire verte en forme de lama pour mon anniversaire. Avec toutes ses économies. Il ne lui est rien resté. Même dans mes rêves les plus fous, je n’y aurais songé. Il eût fallu en soupçonner l'existence. Une tirelire-lama vert. Le plus exotique de mes cadeaux. Incongru. Délicieux. Touchant. « Ça te plaît, hein, maman ! Comme ça tu pourras mettre l’argent de ton travail dedans… » On n’est pas sérieux quand on a dix ans. Ce matin, mon lama me darde d’un regard fier. Il m’encourage à travailler. Il va falloir le remplir tout de même. Mes clients ne me réglant pas en pièces de un euro, je cherche un joli projet pour ce lama. Une cagnotte à la hauteur de sa générosité. En attendant, il finira sûrement dans un roman. Un lama vert en guise de tirelire… Dans…

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Astronaute ou dessinateur de manga

Chère maîtresse, Choisir un métier est bien difficile quand on est un enfant. Mon cadet hésite depuis un an entre astronaute ou dessinateur de manga. Le choix est cornélien. « Dans tous les cas, fais-je remarquer, il va falloir bien travailler à l’école.» Son petit frère, 6 ans, celui qui a un poil dans la main si grand qu’il peut s’en servir de canne pour marcher, l’observe en soupirant : « Moi j’aime pas l’école. Je voudrais plutôt travailler. D’ailleurs, comme je sais déjà jouer au foot, je ne vois pas pourquoi je ne peux pas travailler et être joueur de foot. » Je ris sous cape. « Mon pauvre chéri, tu es né trop tard dans un monde trop injuste. Si tu étais né « à l’époque » (selon ses termes, comprenez il y a 150 ans), tu serais déjà au boulot. » Ses yeux s’écarquillent de regret : « Vraiment ? Et je n’irais pas à l’école ? » « Certainement pas, réponds-je, mais tu n’avais pas le choix, tu faisais le même métier que tes parents. » Il se tait, songeur. Il répète pour bien comprendre : « Je faisais le même métier que mes parents ?…

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Un lapin à paillettes roses

Chère Maîtresse, Hier, il a travaillé d’arrache-pied. Non pas pour sa dictée, mais pour gagner trois sous. « Tu sais, m’a-t-il dit d’un air entendu, j’ai besoin d’argent pour… rien. » Mon fils est un panier percé. Les rares pièces qu’il possède lui brûlent sans doute les doigts. Le voilà au boulot, à briquer ma voiture épouvantable de crasse, intérieur, extérieur, un pschitt par-ci, un coup d’aspi par-là, à trier l’Himalaya de chaussettes orphelines qui attendaient leur heure sagement. Ce soir, à la sortie de l’école, je savais qu’il demanderait à nous accompagner, son frère et moi, chez l’orthophoniste… Dans le même immeuble, un magasin de jouets. Nous partons. Je l’observe, la poche remplie de ses trois sous, le sourire satisfait. Seulement voilà. Une fois le petit frère déposé, il me montre du doigt un magasin de petite déco, une caverne d’Ali Baba où j’adore déambuler. Il furète, regarde tous les prix sans rien dire, la vie des grands coûte décidément cher. Soudain, ses yeux s’écarquillent. « J’ai trouvé », jubile-t-il. Il me somme de détourner les yeux, pose son trésor sur la caisse, et emporte contre son cœur un paquet de papier blanc qu’il tient comme un trésor. On…

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Les grandes feuilles de canson

Chère maîtresse, La jeunesse me stupéfie. Je ne parle pas de la mienne, naturellement éclatante, mais bien de mes enfants. Mon fils rentre hier soir : « Maman, je dois faire un exposé de géographie avec deux copains. » « Génial, dis-je, j’ai encore quelques grandes feuilles pour préparer vos panneaux. » Il m’observe d’un air navré et soupire. De mon temps, pour un exposé, je descendais acheter à la papeterie des grandes feuilles de canson. Puis nous passions des heures à écrire le titre au feutre ou au pastel, sans déborder, sur des lignes préalablement tracées. Enfin, comble de la technologie, nous imprimions quelques images et quelques textes, les découpions et les collions. L’exposé trônerait ainsi sur les murs de la classe jusqu’à l’été. On se retrouvait avec ma copine le mercredi après-midi pour préparer tout ça. Ah… [soupir]. Ni une ni deux, mon fils allume l’ordi. Il crée un power point, un lien de partage et le balance à ses copains par la magie du Saint-Esprit. Hurlement de joie : « Maman, c’est tellement drôle, je les vois écrire en même temps que moi, on dirait des fantômes dans ma présentation… » J’en reste comme deux ronds de…

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JOYEUX ANNIVERSAIRE, chère maîtresse !

Trois ans que vous me supportez ! Trois ans que nous cheminons main dans la main… Et que je vous ai envoyé la bagatelle de 96 lettres… Chère maîtresse, notre idylle a commencé le 16 mars 2020 quand nos écoles ont fermé. Le COVID ne nous a pas tuées, il nous a inspirées. J’attendais depuis tant de mois la parution de mon premier roman édité. Le couperet est tombé. Les librairies fermaient, le roman était décalé. Bien sûr, c’était sans gravité mais la pilule avait du mal à passer. J’ai fait le pari de vous écrire chaque jour de fermeture de l’école, et tant que cela durerait. Chère maîtresse, il y a eu des moments terribles, je ne vous le cacherai pas. Il y a eu des larmes, de la colère, des enfants, des parents, des angoisses que, j’espère, mes fils oublieront. Pour ne garder que cette compilation-là. Humoristique, peut-être peu réaliste, mais c’est comme cela que l’on construit les plus beaux des souvenirs. Toutes mes chroniques sont désormais disponibles sur mon beau site internet refait à neuf par un mari patient, patient, si patient que s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. L’intégral, c’est par ici ! https://aurelie-tramier.fr/category/chere-maitresse/ #aurelietramier#cheremaitresse#lintegrale#chroniquedunemamanconfinee#parentalite#confinement#ecolealamaison#education#ecoleprimaire

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Elle s’appelait Agnès

Chère Maîtresse, Je n’aime pas parler d’actualité. Et comme j’habite à l’étranger, je la suis généralement assez peu. Mais voilà, chère maîtresse, depuis quelques années, votre métier semble de plus en plus difficile… Eprouvant… Dangereux. Elle s’appelait Agnès. Cela veut dire « sacré ». Comme l’agneau sacrifié. Il y avait un temps où le professeur avait encore cette aura. On les respectait. On ne les frappait pas, on ne les tuait pas, on ne les laissait pas le matin vivre dans la terreur. Il y a eu ce geste terrible. Loin d’être le premier. Et je n’ose dire le dernier. Chère maîtresse, cela fait mal pour vous. Pour tous ceux qui, comme vous, ont choisi de transmettre, d’enseigner, de donner. Et puis, derrière l’horreur, il y eut la beauté. Ultime. Jamais un enterrement n’aura eu tant de grâce ni de sincérité. Un homme seul, abandonné devant un cercueil. Chère maîtresse, il y a des personnes comme des étoiles. Qui au fond de l’obscurité trouvent encore la force de briller. Danser avec un souvenir… Et entraîner dans sa valse des couples aux yeux bien rouges. Danser comme un pied de nez. Être celui qui souffre et irradier quand même. Danser seul.…

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98 lettres

Chère maîtresse, c'était il y a 3 ans, jour pour jour. Les écoles fermaient. Nous étions tous sous le choc, catastrophés, intrigués, bouleversés. C'est alors que j'ai commencé à vous écrire. Tous les jours. Les chroniques d'une maman confinée. Ma manière à moi de réinjecter de l'humour dans cette situation déroutante. La série des chères maîtresses. Je vous ai écrit 98 lettres depuis. Tout cela, rien que pour vous. Et pour mes enfants, pour lesquels je les imprimerai un jour. Chère maîtresse, je vous partage cette première lettre avec émotion. je vous en repartagerai d'autres au fil de l'eau. Il y en a des pépites. Merci de me supporter depuis. Aurélie

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Le Bon (Gros) Géant

Chère maitresse, connaissez-vous Roald Dahl, cet auteur effroyable à ne lire sous aucun prétexte ? Rien que d'y penser, j'en frémis... Et dire que j'ai grandi là-dedans, sans doute est-ce pour cela que j'ai mal tourné... Un Bon Gros Géant, mais comme c'est insultant ! Même la grosse pêche s'est sentie offensée d'être affublée d'une telle épithète... Cachez ce gros que je ne saurais voir, rugit-elle! Mais qui est gros? demande Obelix. Bref, je vous le dis, Roald Dahl est à rayer de vos listes de lecture. Jamais, vous entendez, jamais plus il ne faudra donner ces livres à des enfants... Ils pourraient y acquérir un vocabulaire déplacé. Ah chère maîtresse, mais j'y pense, pourriez-vous également bannir ce vieux Perrault ? Ce bon Charles est en effet par trop ringard... Cendrillon n'est qu'une ravissante idiote dont la seule qualité est d'avoir un joli pied (on aurait préféré que le prince loue son intelligence ou ses talents au foot) et Blanche-Neige une gourde mangeant tout ce qu'on lui donne. Supprimons les 7 nains, les ogres et les sorcières et au passage les loups pervers, tous ces gens ne sont guère corrects ! Tant qu'on y est, évitons les maisons en pains…

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Le bureau d’éclaircissement des destins

Cela fait longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi riche et dense. Bouleversant. Captivant. Une fois de plus, je suis sous le charme de la plume de Gaelle Nohant. A lire absolument. @gaellenohant #lebureaudeclaircissementsdesdestins#grasset#guerre mondiale #shoah

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La maman sérieuse

Chère maîtresse, Aujourd’hui c’est carnaval ! J’adore déguster le défilé des enfants tout excités à l’idée de cette journée. Passés les multiples princesses, Spiderman et Star Wars (dont mon fils fait partie, ciel, faut-il l’avouer, avec un peu de chance, vous ne l’auriez pas reconnu…), il y en a toujours qui font preuve d’une immense créativité. Ce matin, j’ai croisé une banane, un lampadaire (idée lumineuse !), une machine à pop corn, une fraise et une sirène. Ça tombe bien, aujourd’hui, il paraît qu’ils ont piscine. Il y a les enfants aux déguisements 100% faits maison, ceux qui ont Christian Dior chez eux, ceux qui ont bricolé des choses avec des cartons, ceux qui ont des costumes un peu ratés mais tout le monde a fait de son mieux. Mais laissez-moi vous conter ma mésaventure : ce matin, j’étais fatiguée et j’ai chaussé mes lunettes dès le petit déjeuner, ce qui n’arrive jamais. Devant l’école, un papa me salue: « Ah, toi aussi, tu t’es déguisée ? » Ah chère maîtresse ! Imaginez mon désarroi. Moi, déguisée ? A cause de mes lunettes ? Mais en quoi ? Je retourne la question depuis 8h30 et il n’y a guère qu’une…

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Passé pas si simple

Chère maîtresse, Ne croyez rien de ce qu’a dit mon fils, je suis bien présente et je n’ai jamais été aussi en forme, si je compte sans mes cheveux que j’ai arrachés ce week-end pendant la révision de la conjugaison. Le passé (pas si) simple. Vous me faites un sale coup. Pourquoi les Français sont-ils les seuls à dissocier ce passé exotique de l’imparfait ? Non mais parfois on se pose des questions. Il faut dire que tout avait mal commencé. « Conjugue-moi le verbe aimer ». « J’aima, tu aimas, il aimât, ils aimarent… » (un peu comme dans ils enonmarrent sans doute). J’adopte la position du lotus et je respire profondément. « Bien, passons à la suite ». Ah, chère maîtresse, votre exercice était d’une cruelle difficulté. « Lis le texte et souligne les verbes au passé simple ou à l’imparfait ». Trop fastoche, dit-il… Moi, perso, j’ai les pétoches. « Pour t’aider, je te fais bip quand il y a un verbe que tu oublies. » Il me regarde d’un air hautain. « Il était une fois / bip / une bande de pirates qui vivaient / bip/ sur une île. Un jour, les pirates creusèrent /…

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Ma mère, elle n’est plus là

Chère maîtresse, C’est moi et pas ma mère qui vous écris aujourd’hui. Voilà, je voudrais vous dire que je n’arriverai pas du tout à travailler mon contrôle d’anglais de la semaine prochaine. Ben oui, j’ai besoin de ma mère pour ça, et en fait, c’est la cata, elle n’est plus là. Enfin, si, elle est là dans la maison, mais elle ne me voit pas. Depuis qu’elle a recommencé à travailler sur son roman, tout est devenu trop compliqué. Le soir, elle a la tête en l’air, on lui parle, mais elle ne nous écoute plus, et d’un coup elle a un sursaut et elle se précipite pour écrire des choses dans son carnet. Et même quand on fait des bêtises, elle ne dit rien et elle rigole d’un air absent. Ce n’est pas facile vous savez et ça me donne beaucoup de travail. Faut toujours être là pour réparer les dégâts. Elle a mis une machine sans le linge dedans, oublié le dîner dans le four, elle a servi du coca au chien et de la pâté à table. Vraiment, oui, c’est très très compliqué. Et le pire c’est que quand je rentre de l’école, je vois bien qu’elle…

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C’est un livre incroyable, maman, faut que tu le lises !

Chère maîtresse, Mon fils, 10 ans, cet astre sage et studieux que vous connaissez bien, rentre de l’école et comme tous les soirs, vide littéralement son cartable sur le sol de l’entrée. Coincé entre deux cahiers passablement écornés, un crayon mâché, une trousse renversée et un manga qui pèse son pesant d’or… un roman. Ciel ! Nonobstant le fatras éparpillé par terre, je jette discrètement un œil sur la couverture. Mon cœur se fige. Sepulveda. La voix tremblante, je demande sans trop oser y croire : « Euh, c’est toi qui lis ça ? » Il me regarde blasé : « Ben oui, on le lit en classe ». Zut et flûte, lire en classe, l’assurance de ne pas aimer… « Et ça te plaît ? » Son regard s’anime soudain : « C’est un livre incroyable, maman, faut que tu le lises ! Tu connais le gars ? » J’opine. Ben oui, il est un peu connu. Sepulveda. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pu y croire. Si je le lui avais proposé, il me l’aurait jeté en pleine poire : « J’en veux pas de ton vieux truc », comme pour les Roald Dahl, les…

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#24 – petit bonbon de Noël

Pour ce 24 décembre, il me fallait un petit bonbon de Noël. J’ai pensé à celui-ci. Un tout petit livre pour les plus petits mais que même mes plus grands relisent avec plaisir. Une histoire d’amitié mais surtout de générosité sur la joie de Noël et le plaisir d’offrir. Je vous laisse la découvrir. Un cadeau idéal de dernière minute pour un petit dès 3 ans.Balthazar fête Noël, Marie-Hélène Place, Emma Kelly, Caroline Fontaine-Riquier, Hatier Jeunesse, 5,30€ aurelietramier #ideescadeaux #noel #calendrierlivresque #instabook #bookstagram #balthazar #balthazarfetenoel #marieheleneplace #emmakelly #carolinefontaineriquier #noel #24decembre #generosite #cadeau #amitié

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