Chère Maîtresse,
Ce soir, prise d’un zèle pédagogique, j’ai contrôlé les devoirs de mon fils…
L’exercice n’était pourtant pas utopique : « Recopie chaque groupe nominal en remplaçant le complément du nom par un adjectif. » Certes, mais pourquoi donc mon fils s’est-il mis dans la tête que tous les adjectifs devaient finir en –ique ? « Tu comprends, a-t-il justifié naïvement, ils finissent toujours comme ça. Regarde : pratique, magique. Les adjectifs, c’est facile ! »
Et c’est là, chère maîtresse, que la situation est devenue électrique. Que « planète » donne « planétique », j’en reste apathique. Qu’une « exposition de chiens » donne une « exposition chiennique », j’ai trouvé cela comique. Mais chère maîtresse, je ne vous dirai la suite qu’à but cathartique… « Le vent de la mer »… donnerait donc… Je ne peux pas, c’est trop tragique… Mais inutile d’être mutique, je préfère vous épargner une crise de fou rire frénétique au moment où vous découvrirez ce travail mirifique… « Le vent de la mer » devient donc logiquement… le « vent merdique ».
Histoire authentique. J’ai réfréné un rire sardonique. Je me suis étouffée dans un juron peu poétique et j’ai pleuré sur mes rêves chimériques d’enfant aux mille compétences orthographiques. L’intéressé m’a regardé d’un sourire angélique : « Ah, c’était donc ça ? Ce mot me disait quelque chose… » Ah, chère maîtresse, pardonnez à mon fils et à sa grammaire hérétique. En guise de châtiment, il recopiera vingt fois : « Je ne crée pas des adjectifs fantastiques qui rendent ma mère hystérique. »
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