Chère maîtresse,
Ainsi donc, c’est la fin. La fin du primaire pour mon moyen. La fin de cette école qu’il fréquente depuis 8 ans. A 11 ans, c’est presque toute sa vie.
Quelle curieuse génération que celle qui quitte vos bancs demain ! Après une entrée en CP tout à fait ordinaire, ils ont reçu en CE1 le COVID de plein fouet. Ecole fermée, cours à distance, padlet et vidéos… En juin, les voilà autorisés à rentrer en classe…masqués… Et rebelote en CE2. Ici, en Allemagne, les écoles ont de nouveau fermé. Mais cette fois-ci, pas 3 mois : 5, de janvier à juin… Nous, les parents, notre moral a flanché. Peut-être encore plus que celui des enfants qui s’efforçaient de croire que tout cela était normal. 2021 : annus horribilis. Les gamins recevaient chaque matin un paquet de fiches et ne s’étonnaient plus. Vint le CM1 que l’on voulait apaisant. Il n’en fut rien. Testés tous les jours, parfois même plusieurs fois, test rapide, PCR, test de classe… Pour un minimum de 10 fois par semaine, nos enfants ont grandi un test covid dans le nez. Le masque dès 6 ans, et toute la journée. Les classes fermaient dès qu’un enfant toussait, les quarantaines se multipliaient, les voyages ont tous été annulés.
Et enfin le CM2. Apaisant. Rassurant. D’une douce tranquillité. Les enfants ont redécouvert leurs visages, leurs sourires, leurs rires. Leur insouciance. Dans la cour, « chat…perché » a été remplacé par « Covid…vacciné », mais c’est la seule entorse à la normalité.
Ah, chère maîtresse, comment ces enfants-là raconteront-ils leurs années primaires ?
Je quitte moi aussi cette école après 9 ans. Une immense page qui se tourne. De très beaux souvenirs quand même, envers et contre tout. Un atelier d’écriture fantastique en classe de CE1. Des sorties scolaires épuisantes où je me suis endormie dans le bus de retour… Des fêtes, des goûters, des parents qu’on connaît par cœur et qu’on a toujours plaisir à retrouver, des spectacles, des comédies musicales…
Chère maîtresse, merci pour cette année, oui, surtout pour celle-ci, celle qui a tout gommé, recollé, rescotché, rafistolé. Celle des copains et des sorties, des visages découverts et des rires candides. Celle des enfants qui demain seront ados mais profitent aujourd’hui de cet entre-deux rassurant, coincés entre les petits et les grands, où l’on peut rire et jouer.
Chère maîtresse, je ne vous laisse pas. Je continuerai à vous écrire, j’ai encore un petit en CP… Pas chez vous, mais peu importe, nul doute que j’aurai toujours beaucoup de choses à vous raconter. Et puis, faut-il le dire, que deviendrai-je sans vous ? Vivement la rentrée, pour que je puisse recommencer à vous embêter !
Aurélie
Dédicace toute spéciale aux maîtresses lumineuses rencontrées sur notre route : Mathilde, Vanessa, Elodie, Sabine, Sylvie, Véronique, Sonia et Florence… (Et Anne pour la musique)
