On continue avec un autre roman historique qui mérite le détour, La goûteuse d’Hitler. 1943 : Rosa, jeune Berlinoise sophistiquée, est contrainte de s’installer dans un petit village auprès de ses beaux-parents. Son mari est au front et Rosa est recrutée bien malgré elle pour devenir goûteuse d’Hitler. A l’angoisse générée par cette fonction s’ajoutent l’hostilité des autres goûteuses pour cette femme trop apprêtée et la boule au ventre d’être sans nouvelles de l’homme qu’elle aime. Ce roman, inspiré d’une histoire vraie, donne à voir un autre visage de la guerre, celui des vies simples brisées et qui ne se sont jamais reconstruites, mais aussi celui de la honte et du silence. Une plongée passionnante dans la vie quotidienne allemande, au cœur des militants, des opposants, et de ce désir de survivre. Je ne l’ai pas lâché. Rosella POSTORINO, La goûteuse d’Hitler, Le Livre de Poche, 7,90€.

Envie de vous plonger dans un roman à la Balzac ? La part des flammes est le roman qu’il vous faut. Gaëlle Nohant est l’une de mes grandes découvertes de l’année, moi qui suis fan de romans historiques bien ficelés. Prix des lecteurs du livre de Poche, ce roman mérite sa place dans vos petits souliers. Paris, mai 1897. Tout le gratin parisien se précipite au grand bazar de la Charité. On s’y presse pour voir la duchesse d’Alençon, Sophie, sœur de Sissi, qui se dévoue corps et âme à ses bonnes œuvres. Mais le bazar prend feu, emportant tragiquement une partie de la noblesse féminine parisienne qui s’y rendait pour vendre ou pour acheter. La jeune veuve Violaine de Raezal s’en sort et n’a de cesse de retrouver la jeune fille qui servait à ses côtés au stand de la duchesse, Constance d’Estingel. Trois femmes, trois destins, un incendie, une plume raffinée, un grand roman. Attention, la série « L’incendie du Bazar de la Charité » sur Netflix n’a rien à voir avec le livre. Gaëlle Nohant, La part des flammes, Le Livre de Poche, 8,70€.

Quel chef-d’œuvre que ce petit livre qui se lit en quelques heures ! Preuve s’il en faut que le Prix Goncourt des Lycées tombe toujours tellement juste ! Ramla est arrachée à ses rêves d’études et à son amoureux pour épouser un homme déjà marié. Inutile de dire que la première épouse ne l’accueille pas à bras ouverts. Sa sœur Hindou se voit, elle, forcée de s’unir à un cousin violent. On passe de l’une à l’autre, de la douleur à l’espoir, à la nuit la plus obscure, à la soumission avec pour seul mot de consolation adressé à ces jeunes filles : « Patience »… Un roman dur, très dur, une plume affûtée, des pages que l’on tourne malgré nous. Un livre à lire absolument. Djaïli Amadou Amal, Les impatientes, Collas, 17€.

Immense coup de cœur de cette année pour ce petit roman historique saupoudré d’une pincée de surnaturel. Tout ce que j’aime. On tremble avec la douce Eugénie enfermée par son père entre les quatre murs de la Pitié-Salpêtrière… Et pour cause, elle parle aux morts… En bonne société, cela ne se dit pas… On me glisse dans l’oreillette que le roman a été décliné en bande dessinée. Plutôt pour les adultes, vu le sujet. Quant au film de Mélanie Laurent, il est sur ma liste depuis longtemps, il paraît qu’il est fabuleux. Mon conseil : à lire avant de voir ! Victoria MAS, Le bal des folles, Le Livre de Poche, 7,40€.

Alors là, je suis sortie de ma zone de confort et je n’ai pas été déçue ! Comment définir ce livre ? CHIEN-LOUP, un livre étrange au rythme lent mais qu’on ne peut poser sitôt les premières pages tournées. Il y a de couple de parisiens surmenés qui rêve de tout couper. Il y a ce dresseur de fauves allemand, il y a longtemps, en 2014, et cette veuve éplorée. Il y a cette maison isolée loin, bien loin au-dessus d’un village, et ce passé qui l’étouffe. Il y a ce je-ne-sais-quoi qui nous pousse à continuer. Ce lieu fait ressortir ce qu’il y a de plus sauvage en nous. Chien-loup est un roman d’atmosphère qui nous saisit avant qu’on l’ait saisi lui-même. Une petite pépite du genre pour les amateurs de très belles plumes. Serge JONCOUR, Chien-Loup, Le Livre de Poche, 8,50€.

En voilà un livre charmant à lire pendant vos vacances. J’ai adoré Frangines qui a su toucher le cœur de la provençale que je suis. Ce livre fleure bon la lavande dès les premières pages. Trois sœurs, une mère, un père plus ou moins absent, une maison de vacances. La famille parfaite, oui mais… Ce roman chorale nous montre tout ce qui se cache derrière les apparences. Un roman sympa, bien écrit, fluide, facile à lire, qu’on lira d’une traite au coin du feu en rêvant à la garrigue et au chant des cigales. Vivement l’été prochain ! Adèle BREAU, Frangines, Le Livre de Poche, 7,70€.

Quel destin que celui d’Olympe de Gouges, dont j’ignorais tout jusqu’à ouvrir cette bande dessinée ! J’avais déjà lu et adoré l’exemplaire sur Joséphine Baker (plus que jamais d'actualité!), je réitère avec cette biographie d’une folle richesse qui nous plonge dans les pires heures de la Révolution française. BD en noir et blanc qui se laisse savourer, ce pavé ravira les lecteurs captivés d’histoire mais aussi de portraits féminins inspirants et hauts en couleur. A lire, offrir, prêter à votre beau-frère ou belle-sœur plutôt qu’à votre neveu de 10 ans. Eh oui, c’est une BD pour les grands ! CATEL & BOCQUET, Olympe de Gouges, Casterman, 26€.

Pas de calendrier sans polar, et froussarde comme je suis, je n’en lis pas tous les jours, mais celui-ci… J’en ai tremblé, j’en ai cauchemardé, il m’a poursuivi la nuit. Cloé m’a d’emblée été insupportable pour la simple et bonne raison qu’il lui manquait un h. De fait, on ne l’aime pas. Mais elle nous émeut. Quelqu’un la poursuit, enfin, le croit-elle… Quelqu’un qui déplace les objets chez elle, remplit le frigo, passe l’observer la nuit. Cloé s’enfonce. Karine Giebel nous mène par le bout du nez et vous dévorerez cet ouvrage en quelques nuits pour faire cesser les cauchemars. Un polar comme je les aime, palpitant, haletant, mais qui ne se laisse pas tomber dans le sanglant trash. Du thriller à l’état pur. Karine Giebel, Juste une ombre, Pocket, 8,20€.